Juchée sur les hauteurs de Bouvines, l’église Saint-Pierre est un joli point de repère pour tous les randonneurs. L’édifice actuel, construit à la fin du XIXe siècle, est un exemple du style néo-gothique en vogue à l’époque. Elle surprend surtout par son élévation, 52 m du sol au sommet, et par la blancheur de la pierre de Lezenne utilisée initialement. Son emplacement est lié au souvenir de la bataille de Bouvines. C’est dans la petite église d’alors que Philippe Auguste entra pour prier juste avant la bataille, ce fameux dimanche 27 juillet 1214.

Un édifice à la fois religieux et commémoratif

Lorsqu’il a fallu trouver un lieu pour commémorer cette fameuse victoire de Bouvines, des questions pratiques se sont posées : l’immensité du champ de bataille, l’absence de vestiges, le caractère privé des terrains concernés… Et pourquoi ne pas construire une nouvelle église qui serait ainsi le berceau du berceau de la nation française ? Le sentiment qui domine en France après la défaite de 1870 est celle d’une nation en quête de symboles, d’identité, de fierté, où l’État et l’Église sont les deux piliers de la vie sociale, politique et économique d’une société en pleine mutation.

exterieur-eglise-saint-pierre-bouvines-nord-decouverte

C’est dans cette renaissance de la ferveur chrétienne, et notamment catholique, que l’église Saint-Pierre va voir le jour. Un écrin conçu spécialement pour accueillir un joyau de l’art verrier : 21 immenses vitraux historiés qui retracent les faits marquants de la victoire de Philippe-Auguste. Autour de Félix Dehau, l’emblématique maire de Bouvines pendant 62 ans, se forme un comité et des donateurs qui, dès 1878, vont soutenir le projet. Les travaux s’achèvent en 1886. Pour l’église de Bouvines, l’architecte Auguste Normand choisit un style néo-gothique, dans l’esprit du romantisme médiéval qui nourrit les arts, la littérature, l’architecture de l’époque.

Les vitraux de l’église de Bouvines : Le renouveau de l’art verrier

vue de la verrière de l'église de Bouvines

Une des premières choses qui frappe lorsqu’on entre dans l’église Saint-Pierre est la place prépondérante des vitraux qui semblent occuper plus d’espace que la pierre. 21 magnifiques vitraux de plus de 8 m de haut sur 3 m de large racontent les faits marquants liés à cette journée décisive. Ils sont vraiment de toute beauté. On découvre avec eux, un art verrier du XIXe en plein renouveau après deux siècles d’éclipse.

Longtemps oublié voire méprisé, l’art verrier du XIXe est aujourd’hui mieux considéré et mis davantage en valeur. Les vitraux de Bouvines appartiennent à cette renaissance artistique et artisanale qui mêle virtuosité, savoir-faire et technicité bien loin de l’image “industrielle” qui a longtemps prévalu.


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Comment lire les vitraux de l’église de Bouvines ?

Chaque vitrail est en trois parties. La partie haute est occupée par des anges, les messagers entre Dieu et les hommes. La partie centrale raconte un moment clé du récit. Dans la partie basse, est inscrite la légende, les blasons des villes et des donateurs. Découvrez-les de gauche à droite, en vis-à-vis, comme si vous feuilletiez un livre.

vue d'un ensemble de vitraux présents dans l'église de Bouvines

Ils sont l’œuvre d’Emmanuel Champigneulle, aidé de son frère Charles, bien connu des amateurs d’Art Nouveau. Ils ont été réalisés à partir des cartons, des dessins, de Pierre Fritel, peintre et graveur, et ami proche de Charles Peguy. On appréciera les couleurs flamboyantes qui tranchent avec la dominante du bleu royal dominant. On s’attarde volontiers sur les mille et uns détails qui rendent chaque vitrail vivant, intéressant, attachant. Les sentiments exprimés sur les visages, le détail des armes, des vêtements, les mouvements d’une bataille, le cabrement des montures, les corps-à-corps, les hommes piétinés, les  cavaliers désarçonnés, les actes de bravoure et les lâchetés.

Leur disposition tout autour de la nef, des transepts et du chœur forme une véritable composition vivante. Rien n’est statique, figé. L’artiste n’a pas seulement joué sur les couleurs, les formes et les transparences. Il les fait vibrer, s’éclairer ou rester dans l’ombre selon la lumière des heures, des jours, des saisons. Il a joué des notes chromatiques comme un organiste de ses claviers. Ils sont vraiment de toute beauté et méritent une visite à Bouvines.

Les autres curiosités de l’église Saint-Pierre

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Parmi les autres curiosités de l’église Saint-Pierre, vous pouvez voir également deux reliquaires. L’un, sous l’autel de la Vierge, contient les restes de sainte Saturnine exhumés du cimetière de sainte Priscille à Rome. Le second, sous l’autel Saint-Pierre, ceux de saint Fulgence, en provenance du cimetière romain de Saint Saturnin. Les reliques ont été transférées à Bouvines le 16 août 1903.

Une certaine discrétion accompagne la présence des reliques de ces deux saints. Et pour cause… Beaucoup d’incertitude et d’imprécisions les entoure. Une chose est sûre, c’est que “la” sainte Saturnine de Bouvines n’est pas celle vénérée pour la protection du bétail à Sains-lès-Marquion, dans le Pas-de-Calais. Dans son dictionnaire hagiographique, l’abbé Migne évoque une sainte Saturnine fêtée le 21 juin. Une seconde, arrêtée à Abitine avec d’autres chrétiens dont un certain Saint Saturnin. Elle fut suppliciée et mourut à Carthage en 304 ap JC. Quant à Saint Fulgence, on n’en connaît qu’un. Nommé évêque de Ruspe, en Afrique au VIe siècle, il est considéré également comme un des pères de l’Église.

Seul problème : l’article paru le 29 août 1903 dans le bulletin hebdomadaire de la Vie diocésaine de Rouen fait mention de deux martyrs trentenaires du IIe siècle ap. JC. Or, Saint Fulgence mourut à l’âge de 65 ans et au VIe siècle. Mystère donc…

vue de pelerins en prière

La possession de reliques pour une église et une commune a été très longtemps un gage de notoriété, de fierté, d’importance et de développement économique. Ferveur populaire, miracles, croyances et foi se mélangent autour des reliquaires honorés. Du XVIIe au XIXe siècle, l’Église a “remis au goût du jour” un certain nombre de saints et n’a pas hésité à en inventer de nouveaux… Notamment en allant chercher des ossements dans les catacombes de Rome. Ces “découvertes” ont donné lieu à une abondante diffusion de reliques de martyrs insolites à la biographie hasardeuse.

Mention particulière pour l’orgue, un Charles Mutin-Aristide Cavaillé-Coll (1911), qu’on peut apprécier lors des concerts organisés. A remarquer également la statue de Notre Dame de la Treille, très populaire à Lille.

  • Horaires d’ouverture de l’église de Bouvines : en été de 9h à 18h. En hiver de 10h à 17h.
  • Pour en savoir plus sur Bouvines, consultez le site des Amis de Bouvines


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