Certains parlent de griffures sur la pierre, celles du diable lorsqu’il se saisit brusquement du menhir.  D’autres mentionnent une forme sur l’une des faces. On y voit, parait-il,  “la figure d’un diable à profil humain, à très longue queue, et ayant dans son bras une tète de bélier.” … S’agit-il de cette curieuse silhouette qui apparaît dans les reliefs du menhir ? Ce n’est pas le seul mystère de la pierre du diable. En effet, le menhir de Lécluse fait partie, lui aussi, du surprenant ensemble de mégalithes de la vallée de la Sensée.

L’histoire du menhir de Lécluse

vue générale du site du menhir de Lécluse

Commençons par les faits les plus historiques : de nombreuses notices archéologiques le décrivent comme un monolithe d’environ 5 m hors du sol, enfoncé à seulement 1 m de profondeur, large de 2 m environ et épais de 0,60 m. À l’origine, son poids est estimé à 30 tonnes. Vers le haut, il s’amincit et présente une échancrure oblique qui s’est produite, dit-on, lorsqu’il a été frappé par la foudre. Il est en grès landénien, un grès assez courant aux alentours. On le date de l’époque néolithique, l’âge de bronze, entre – 3 000 et – 1 500 av J.C.

Avant d’être saccagé par les troupes allemandes en avril 1918, ses dimensions, en faisait l’un des plus haut mégalithe connu dans notre région. Il ne reste malheureusement aujourd’hui qu’une partie du menhir d’origine, haute d’un peu plus de 3 m. On l’appelle la pierre du Diable, la pierre des pierres, la borne épierre ou quelquefois la roche des pierres… Il s’élève aujourd’hui en plein champ sur les hauteurs du petit village de Lécluse.

La légende du diable trompé

vue-soir-menhir-pierre-du-diable-lecluse-nord-decouverte

Il n’y a pas de lieu mystérieux sans une légende pour nous raconter son histoire. À Lécluse, comme pour le menhir d’Oisy-le-Verger, comme pour les pierres jumelles d’Ecoivres, le diable est à l’œuvre. Cette fois-ci, il répond à l’appel d’un fermier du village. Il a besoin d’aide. Un incendie a détruit sa grange. Impossible de mettre sa récolte à l’abri. Le temps presse. Satan propose ses services. L’âme du fermier lui reviendra s’il achève de reconstruire la bâtisse avant le premier chant du coq. Le pacte est scellé. Satan se met à l’ouvrage aidé d’une myriade de diablotins… La femme du fermier, mise au courant, imagine alors un stratagème. Bien avant l’aurore, elle prend une torche et éclaire le poulailler… Le coq se met aussitôt à chanter. Satan, dépité et furieux de s’être fait berner saisi la pierre qui devait servir au pignon de la grange. Il la lance violemment au loin. Et c’est là, au milieu du champ qu’elle vint se planter à jamais.



Un mégalithe aux étranges traces de griffes et de silhouettes dans la pierre

vues de plusieurs emprintes et forme dans la pierre menhir de Lécluse

L’histoire raconte qu’autrefois les gens du pays montraient les éraflures produites, d’après la légende, par les griffes du démon lorsqu’il s’est saisi de la pierre. Des stries apparaissent effectivement sur deux côtés du menhir… Mais sont-elles les mêmes qu’autrefois ou proviennent-elles de la destruction de la pierre en 1918 ?

Des silhouettes et des visages qui surgissent de la pierre

L’autre singularité de la pierre du Diable est de laisser apparaître deux silhouettes. Une sur chaque face du menhir.

vue comparative du menhir de Lécluse hier et aujourd'hui avec le tracé qui met en relief la silhouette du nain

D’un côté, on voit surgir des aspérité de la pierre, le dessin d’un gnome. C’est d’ailleurs intéressant de regarder une ancienne carte postale du menhir avant qu’il ne soit dynamité. Le personnage est nettement visible et plus grand. Il est amusant de faire le rapprochement entre cet être légendaire et le dolmen lui-même, car les gnomes, sont des créatures, tantôt sympathiques, tantôt maléfiques qui hantent volontiers les chemins, les forêts, les galeries souterraines, mais aussi les pierres oubliées de nos campagnes.

Ils forment avec les elfes, les lutins, les gremlins et beaucoup d’autres, une grande famille d’êtres surnaturels qui vont avoir une curieuse descendance… Celle de nos gentils nains de jardin ! Ils apparaissent en effet en Angleterre au XIXe siècle et vont se répandre allègrement sur toutes les pelouses et parterres d’Europe jusqu’à nos jours.

profil d'un visage dessiné dans le relief du menhir de Lécluse

Ce n’est pas la seule silhouette présente sur la pierre. Sur l’autre face, les différences de tonalités de la roche dessinent une forme qui fait penser à un personnage assis. Certains y voient le diable-en personne occupé à tenir quelque chose entre ses mains. Mais regardez bien… Un troisième visage apparaît aussi, regardant à l’opposé en direction de Lécluse… Décidément quand la nature s’entête…

Certes, c’est aujourd’hui un lieu tranquille, au milieu des labours, loin des chimères et des diables. A moins que le soir tombé, les ombres des anciennes légendes viennent danser autour de la majestueuse pierre levée…

(1) Source Léon Desailly, Les Mégalithes de la rivière la Sensée


Le menhir de Lécluse en pratique

vue du chemin d'accès à travers champs du menhir de Lécluse

 

 

  • Accès libre
  • Localisation GPS : 50°16’22.30″N / 3°01’45.38″
  • Du centre de Lécluse, prendre la route d’Etaing, la D47C. Juste à la sortie du village, sur votre gauche, en face d’un silo, arrêtez-vous sur l’aire de stationnement prévue.  Le menhir est accessible par un chemin de terre bien entretenu entre les cultures. Il est donc possible de s’y rendre pour des personne à mobilité réduite par temps sec.  Attention toutefois lors de la saison des pluies.
  • Stationner : Un petit parking est aménagé au début du chemin
  • Site de la ville de Lécluse

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Suivez la route insolite des mégalithes ou promenez-vous le long des chemins qui bordent les marais, nombreux dans la vallée de la Sensée. Mention particulière également pour la maison d’Elisa Moncomble, la cousine de Verlaine. Il passa deux étés, ici à Lécluse et surtout, trouva dans l’amour éperdu qu’il portait à Elisa l’inspiration des Poèmes Saturniens.    Si je vous dis “Les sanglots longs, des violons de l’automne, blessent mon cœur, d’une langueur monotone…”

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