Avec plus de 3 millions de “visiteurs” par an, Le Furet du Nord de Lille est plus qu’une “librairie-papeterie-multimédia”, c’est une institution lilloise. Elle reste parmi les plus grandes librairies d’Europe mais au-delà de cette “performance”, son histoire est passionnante. Passionnante pour ce qu’elle raconte d’une époque et des idées novatrices, audacieuses et même “effrontées” qui ont forgé leur réussite.

Un petit Furet qui deviendra grand

furet-du-nord-rihourEn 1936, Georges Poulard décide de transformer le magasin de fourrures “le Furet du Nord”, situé au 41 place Rihour, juste au début de la rue la Vieille-Comédie. Il veut en faire une librairie. Par souci d’économie, l’enseigne reste la même.

Paul Callens, n’a que 27 ans quand il rachète la petite librairie d’à peine 50 m2 en 1950. Ce jeune vendeur, passionné de livres a deux idées en tête. L’agrandir et la transformer en libre-service. Il voit grand mais aussi il voit loin. Plus loin que ces homologues : il a compris que le monde changeait. Et que ces changements touchaient aussi le livre et le rapport aux livres. Il comprend aussi que la télévision, cette nouvelle venue dans les foyers des Français, va révolutionner le monde du livre.

De la place Rihour à la place du Général-de-Gaulle

Lorsqu’en 1959, les Galeries Barbès installées sur la place du Général De Gaulle ferment, Paul Callens fait le forcing pour obtenir l’emplacement. Il réussit à s’imposer et le 1er août 1959, il s’installe à son emplacement actuel. Des 200 m2 qu’il occupe à ses débuts, il s’agrandira progressivement en rachetant au fur et à mesure les locaux voisins pour atteindre aujourd’hui une surface de plus de 5000 m2.

La place qu’il acquiert au fil des années, n’est pas vide de sens. Elle entre dans une vision moderne de la librairie et du métier de libraire tel que l’entend et le défend ce précurseur. Il s’affranchit des codes de sa profession sans en dénaturer sa raison d’être. Ses fondamentaux. La réussite est sans doute dans cette conjonction d’une idée et d’une époque. D’une audace, et d’un marché qui entame, pendant les trente glorieuses, une profonde mutation : désormais les livres sont en consoles.

Les nouveaux lecteurs, des nouveaux acheteurs

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L’ambiance feutrée des anciennes librairies

Dès 1953, lorsque Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes lancent l’émission à succès “lecture pour tous”, Paul Callens comprend ce qu’il faut faire : proposer les livres dans sa librairie dès le lendemain de leur passage. Les diffuseurs ne suivent pas ? Qu’à cela ne tienne, il va chercher lui-même les titres chez les éditeurs à Paris et les mets en vente dès son retour. C’est le succès.

En effet, le petit écran ouvre une nouvelle fenêtre sur la littérature   : il met en scène les livres et les écrivains. Il crée une proximité visuelle que Paul Callens va transformer en proximité “physique”. Il sera un des tout premiers à organiser des rencontres, des signatures au sein même du Furet du Nord. La librairie n’est plus un “entre soi” où traditionnellement les écrivains se rencontrent et ne parlent qu’entre eux. Elle devient un espace où l’auteur est –enfin –au milieu de son public. Encore aujourd’hui, l’enseigne garde une place importante aux signatures et conférences, même pour des auteurs moins connus.

Le plaisir de lire, c’est aussi fureter dans les rayons 

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Février 1953 : 1er livre de poche : Koenigsmark de Pierre Benoit. Il coûte deux francs…

Paul Callens a compris deux choses essentielles, bien avant tout le monde : La fin des années 50 et le début des années 60 sont un tournant dans le mode de consommation des Français. Les privations et les pénuries de la guerre sont derrière eux … Ils veulent plus de choix, plus de liberté dans leurs mouvements, dans leurs achats : le libre-service commence à transformer l’espace de vente.

L’idée géniale de Paul Callens est de transposer à sa librairie des préceptes de vente qui commencent à être appliqués à l’alimentaire et aux biens de consommation. Un siècle auparavant, Aristide et Marguerite Boucicaut, les fondateurs du Bon Marché à Paris, ont déjà compris que l’espace de vente doit être conçu pour susciter l’envie et pour être un moment de plaisir : ils sont les premiers à aménager des salons pour que les messieurs attendent tranquillement leurs épouses en fumant et lisant leur journal ! En ayant du temps, elles dépensent davantage. Ils sont aussi les premiers à comprendre l’émergence d’une nouvelle classe sociale : les employés. A partir des années 50, on parlera de classe moyenne. Et cette classe moyenne va considérablement modifier les structures de la consommation et de l’économie en France.

Le Furet du Nord, une vision moderne de la librairie

Les librairies des années 50 n’avaient guère changées au fil des siècles : on demande le livre au libraire qui va le chercher en rayon et vous le vend. Il n’est pas question de le feuilleter et encore moins d’aller fureter dans les rayons. Des rayons qui vont du sol au plafond et aux trois quarts accessibles uniquement par une échelle mobile . Les librairies sont des espaces intimistes voire intimidants, fermés, confinés et encore très élitistes. C’est peut-être parce ses racines familiales l’éloignaient de cela que Paul Callens, fils de commerçant de Tourcoing, rêve d’un espace accessible et accessible à tous.

int-furet-du-nordIl veut des portes ouvertes, des allées larges pour que jeunes, moins jeunes, femmes, enfants, poussettes, sacs d’étudiants et cabas se croisent… Il veut des rayonnages où les livres soient à portée de mains. Des tables et des piles de livres pour inciter à toucher, à feuilleter, à lire … Les vendeurs doivent rester discrets mais être là pour répondre aux demandes, orienter, sans imposer leur présence. Cette démocratisation du livre, Paul Callens l’a inscrit dans l’agencement du Furet du Nord et dans le choix du fond éditorial : en 1963, il sera un des premiers libraires à implanter en nombre “les poches”, le nouveau format économique qui voit le jour.

Le Furet du Nord d’hier… Et celui d’aujourd’hui

“Aller au “Furet” reste un incontournable : avec une offre, des supports et des outils de consommation de pointe : A côté des 130 000 références directement disponibles en rayon, le multimédia, les loisirs créatifs, un bar à musique, un service drive, des espaces lecture, des bornes de téléchargement d’ebooks et un site de commande en ligne … La librairie lilloise a su concilier les pro-numériques et les amoureux des magasins “en vrai”.


  • Plus d’informations : Le site de l’espace culturel du Furet du Nord
  • Localisation : Place du Général De Gaulle,  Quartier Centre, Lille
  • Station métro Rihour (150 m)
  • Parking payant souterrain sur la place du Général de Gaulle et place Rihour
  • Gare la plus proche : Lille-Flandre (env. 500m)
  • Station Tramway : Gare Lille-Flandre

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