Nous voici au cœur de la forêt de Bois l’Évêque, dans le Cambraisis, pour découvrir la chapelle Notre-Dame de Bon-Secours connue aussi sous le nom de chapelle de l’Ermitage ou chapelle du bois. Le culte autour de la fontaine de l’Ermitage réputée depuis des siècles pour son eau miraculeuse fait aujourd’hui encore l’objet de vénération. Vous êtes aussi à quelques pas de la maison forestière de Wilfred Owen. Un lieu tout à fait singulier, qui rend hommage au jeune poète anglais.
La chapelle et la fontaine de l’Ermitage aux sources d’un culte ancestral
La chapelle est déjà mentionnée dans un acte de 1548. Son nom est attaché à un ancien monastère qui se situait autrefois au sud-ouest de l’édifice. Détruit à la révolution, les derniers vestiges ont disparu lors des combats de la Première Guerre mondiale. Il s’en est fallu de peu que la chapelle ne subisse le même sort. Sa reconstruction au début du XXe siècle témoigne du culte indéfectible dont elle fait encore l’objet de nos jours.
La présence du sanctuaire au milieu de la forêt, son lien étroit avec une eau aux vertus thérapeutiques, la dépose d’ex-voto, les célébrations nocturnes font effectivement penser à la survivance d’un culte primitif. Dès le haut Moyen Âge, l’Église va s’évertuer à intégrer, après les avoir combattus, ces pratiques ancestrales en les insérant dans un cérémonial, un calendrier, un narratif chrétien. Enfin, notons que la chapelle du Bois n’est devenue véritablement la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours qu’au début du XXe siècle. La disparition des statues et la destruction de la chapelle va effacer la dévotion portée aux saints tout autant vénérés que la Vierge. Cette pluralité renvoie peut-être aussi aux cultes polythéistes gaulois et romains.
Un lieu de croyances et de dévotion populaires
L’austérité de l’autel actuel n’est pas à l’image du joyeux mélange de saints et de saintes qui régnaient encore au début des années 1900. Chacun pouvait ainsi s’adresser, selon ces besoins à Saint Ghilain pour les convulsions des enfants. Saint Antoine pour les maladies des cochons. On avait recours à Saint Laurent pour les brûlures et Sainte Renelde pour les plaies qui ne guérissent pas et les maladies des yeux. Saint Sylvestre pour les paralysies des vaches. Sainte Apolline pour les maux de dents. Saint Druon pour les hernies et N. D. de Bons Secours pour toutes sortes de calamités et d’afflictions. On cite aussi, Sainte Philomène invoquée pour les jeunes enfants, les mères et futures mamans. Enfin Saint Etton pour la protection du bétail. Une messe de bénédiction des baguettes et de la fontaine guérisseuse se déroule chaque jeudi de l’Ascension à Dompierre-sur-Helpe.
Le dernier saint mentionné, Saint Marcou ou Marcoul, est intéressant. Les reliques du saint conservées à Corbeny, près de Laon faisaient l’objet d’un pèlerinage des rois de France. Ces reliques leur transmettaient, dit-on, le pouvoir de guérir les écrouelles. Un pouvoir de guérison des écrouelles justement prêté à l’eau des fontaines de l’Ermitage.
Les prières aux saints thaumaturges s’accompagnaient d’autant d’ex votos en tout genre déposés pêle-mêle à l’intérieur et autour de la chapelle : linges, cannes, béquilles, figurines en bois, en plâtres, en métal représentant les parties du corps malade.
Les murs de la chapelle de l’Ermitage comme un registre de vœux
Une monographie éditée en 1899 détaille avec beaucoup de précision la vénération et les traditions qui entourent la chapelle et la fontaine de l’Ermitage. Parmi les singularités soulignées, retenons d’abord la coutume qui consistait à inscrire son nom voire le vœu à exaucer, sur les murs de la chapelle blanchis à la chaux. Une fois les murs totalement recouverts, on les blanchissait à nouveau. Cette pratique des graffitis laissés sur les murs des sanctuaires est immémoriale. Mais il est intéressant de noter qu’elle était, ici, associée au rite en lui-même. Rite – officiellement – disparu.
Des rassemblements nocturnes précédaient les messes en plein air
La seconde particularité des célébrations qui entouraient autrefois la chapelle des Bois était les rassemblements qui débutaient durant la nuit précédant les fêtes de l’Ascension et de l’Assomption. De même, le jour de l’an, à minuit, des pèlerins venaient rendre grâce et demander protection à Notre-Dame pour la nouvelle année. Ces rassemblements précédaient les messes célébrées en plein air durant la matinée. De nos jours, chaque 15 août, une messe est toujours célébrée à la chapelle.
La fontaine de l’Ermitage et son eau guérisseuse
La dévotion qui entoure la chapelle de l’Ermitage est en lien très étroit avec les pouvoirs guérisseurs qu’on prête à l’eau des fontaines situées à quelques pas. Il est même presque certain qu’elles en sont à l’origine. Toujours selon le témoignage rapporté en 1899, il était d’usage que, durant la neuvaine, les croyants fassent trois fois le tour de la chapelle en récitant cinq paters et cinq avé. Ils se rendent ensuite à la fontaine aménagée en deux bassins. Ils pouvaient se baigner dans le plus profond, plonger un linge et recueillir l’eau à emporter aux malades dans le second. Son eau est notamment réputée pour les maladies de peau. À noter qu’il s’agit d’un des rares témoignages de bassin d’immersion dans notre région.
La chapelle de l’Ermitage en pratique
- Accès libre
- D959, la route de route de le Cateau à Landrecies.
- Accès par un petit chemin forestier, indiqué par un panneau, en face de l’estaminet l’Ermitage. Quelques places disponibles. Stationnement conseillé à la maison forestière Wilfred Owen. De cet endroit, il faut couper à travers bois, en se dirigeant à l’est ou longer la départementale sur une centaine de mètres.
- L’accès de La chapelle et de la fontaine de l’Ermitage se fait par un sentier forestier. Il est difficile aux personnes en situation de handicap.
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La maison forestière Wilfred Owen
La chapelle et la fontaine de l’Ermitage se situent juste à côté de la surprenante maison forestière Wilfred Owen. C’est ici, que le jeune poète (1893-1918) passe quatre jours avec son régiment avant l’assaut du canal de la Sambre, le 4 novembre 1918, où il sera tué. On visite notamment la cave décrite dans la dernière lettre qu’il envoie à sa mère. La maison est aujourd’hui un espace artistique et un lieu de mémoire dédié à ce poète emblématique de la littérature anglaise. Sa conception à la fois visuelle et sonore est l’œuvre de Simon Patterson. La scénographie de la toiture pensée comme un livre ouvert, la totalité de l’édifice en couleur blanche telle une page, les mots projetés sur les murs…Sont autant d’hommages à l’écrivain et à la littérature. Wilfred Owen est enterré dans le carré militaire d’Ors, à quelques kilomètres.
- Entrée libre et gratuite – ouvert de mi-avril à mi-novembre – D 959, hameau de Bois-l’Évêque.
- Plus d’infos sur le site de l’office de Tourisme de Cambrai
Deux sentiers de randonnées sont accessibles au départ de la maison forestière Wilfred Owen.
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