A l’affiche du musée de la Piscine, l’exposition, LES ENFANTS IMPRESSIONNISTES DU MUSÉE D’ORSAY, du 17 février au 26 mai 2024.
NNous voici dans le superbe musée de la Piscine de Roubaix, un des plus beaux musées des Beaux-Arts en France. Un des plus étonnants aussi. En effet, la transformation des anciens bains municipaux Art Déco (1932) en espace culturel est absolument sublime. La conservation des principaux éléments d’infrastructure et de la signalétique ajoute au pittoresque et au charme particulier du lieu. Les anciennes cabines, les mosaïques, la présence de l’allée d’eau bordée d’œuvres d’Art à l’emplacement de l’ancien bassin, les deux vitraux qui se font face, un soleil levant et un soleil couchant distillent au fil de la journée des couleurs, des atmosphères changeantes.
La piscine de Roubaix : Le lieu de culte de l’Homme nouveau
Son histoire, son implantation dans une ville industrielle, populaire, sa conception sont un témoignage précieux de la pensée sociale et socialiste de l’époque. Jean-Baptiste Lebas, alors maire de Roubaix, est une des figures emblématiques locales et nationales du Front Populaire. Le cahier des charges qu’il confie à l’architecte Albert Baert est ambitieux : construire “la plus belle piscine de France”.
Le sport, l’hygiène, le beau ne doivent pas être réservés aux plus aisés. L’établissement doit être le symbole du progrès. Une réalisation qui ira au-delà de ses vœux: avec son salon de coiffure, de manucure, ses bains vapeur, son solarium, bar, laverie industrielle… Elle sera dans l’entre-deux-guerres, une des plus modernes d’Europe.
Une piscine publique construite comme une église
Arrêtons-nous un instant sur le choix du plan de construction. Sa disposition, inspirée d’un édifice religieux, n’est pas un hasard. Le bassin de 50 m préfigure la nef. Les cabines, les cellules des moines. La voûte en demi-cercle rappelle celle en berceau d’une église. Enfin, les deux magnifiques vitraux s’enflamment comme le feraient deux rosaces. Toute la symbolique du lieu est nourrie d’une même idée sociale et politique : la piscine de Roubaix est un temple à la gloire d’une nouvelle religion laïque : le sport.
Car en sculptant les corps, on sculpte aussi les esprits. Les considérations hygiénistes du XIXe siècle ont nourri les courants de pensée et les politiques du XXe. Un corps sain est un esprit sain. Le sport apprend la discipline, l’esprit de compétition, de gagne, le patriotisme. Il forge autant de bras vigoureux pour le travail que de soldats pour le combat. Les athlètes, véritables nouveaux dieux vivants, posent fièrement devant les objectifs et deviennent des modèles. Et même davantage… Une vitrine étatique que certains pays porteront à son paroxysme.
Entre l’homme de gauche, Jean-Baptiste Lebas et Albert Baert, membre important de la loge maçonnique Lumière du Nord, certaines lignes de pensée se rejoignent et se retrouvent dans les symboles disséminés çà et là dans l’architecture et la décoration du musée…
Le musée de la Piscine de Roubaix, un lieu qui relie l’Art et l’Industrie
Plusieurs générations de Roubaisiens viendront, jusqu’à sa fermeture en 1985, patauger dans le grand bassin, s’élancer du plongeoir, profiter du solarium ou des baignoires, un luxe à sa création. Aujourd’hui, les cris des enfants, les encouragements des maîtres nageurs ont disparu. Les maillots de bain improbables de l’époque sont en vitrine. Les cabines transformées en espaces d’exposition… Reste un décor absolument unique où les mosaïques de l’atelier Gentil et Bourdet rappellent aussi un autre édifice Art Déco de la métropole lilloise : l’Huîtrière. La présence du miroir d’eau, au cœur de la grande galerie, est comme un écho imperceptible qui charme et entoure. Il y a des lieux qui ont un parfum, une résonance tout à fait à part. La mise en perspective des œuvres y est tout simplement exceptionnelle.
Le musée de la Piscine de Roubaix est riche d’une remarquable collection de peintures, céramiques, dessins, sculptures… Avec des signatures comme Pierre Bonnard, Emile Bernard, Jules-Bastien Lepage, Claudel, Rodin, Roulland, Bourdelle. À noter parmi le fond permanent : des mobiliers signés Noll, Mallet-Stevens, Fry ou encore Bugatti. La collection textile possède, elle, des pièces uniques de Raoul Dufy, Jean-Charles de Castelbajac, ou encore Agatha Ruiz de la Prada.
Soulignons également que le musée de la Piscine réunit également une Tissuthèque extraordinaire : elle propose une base de données unique sur l’art et l’industrie textile, un fonds d’images, de livres et plus de 3 000 tissus parcourant plusieurs millénaires d’histoire : des étoffes coptes aux créations les plus contemporaines.
Faire une pause gourmande chez Meert
Nous vous conseillons de profiter du salon de thé et du restaurant Meert, situé, en accès libre, à l’intérieur du musée de la Piscine. Dans l’ancienne buvette art déco des nageurs ou en terrasse, aux beaux jours, vous pourrez goûter notamment aux gaufres légendaires de la maison. Un cadre sympa et une carte qui change au gré des expositions. Le restaurant est ouvert du mardi au dimanche, de 12h à 17h30.
Tél. 03 20 01 84 21
LE MUSEE DE LA PISCINE DE ROUBAIX EN PRATIQUE
Adresse : 23, rue de l’Espérance, 59100 Roubaix
Entrée payante
Horaires
Du mardi au jeudi, de 11h à 18h
Le vendredi, de 11h à 20h00
Le week-end, de 13h à 18h00
Fermeture le lundi, le 1er janvier, le 1er mai, le jeudi de l’Ascension, le 14 juillet, le 15 août, le 1er novembre et le 25 décembre.
Accès
Train : Gare de Roubaix (500 m)
Métro : Ligne 2, arrêt « Gare Jean Lebas »
Bus : Ligne 32 ou Z6 arrêt « Jean Lebas »
V’Lille : station 220 arrêt « Musée art et industrie »
Stationnement : 2 parkings à proximité
2 Commentaires
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Max Régnier
Le musée La Piscine de Roubaix est un des plus beaux et des plus pittoresques musées de France. Dans l’ étonnante lumière de cette piscine Art Déco de 1932, la Petite Châtelaine de Camille Claudel est une véritable source d’ émerveillement. Ce visage d’ enfant aux émotions contenues ne lasse pas notre fascination. La Petite Châtelaine représente l’ accomplissement d’ une oeuvre unique, par le défi pour l’ artiste, d’ inscrire dans le marbre cet instant de l’ existence où l’ enfant lève le voile de l’ inconscience pour franchir le seuil qui le séparait des réalités du monde. Le marbre de Camille Claudel est sans conteste une des acquisitions majeures du musée La Piscine, lieu trésor où se poser, recueillir quelques unes des beautés que l’ humanité a créées dans la réflexion, dans le silence… dans l’ amour infini pour le monde.
Max Régnier Aniche
Max Régnier. Villeneuve de la Raho