Dressé sur la place du village, l’arbre de mai symbolise le renouveau de la Nature, la fécondité, la cohésion de la communauté autour de rites et de traditions. Il rejoint la grande famille des arbres de Noël, de la liberté. Les arbres à loques, à clous, à poux, à croix, à chapelle. Ces vénérables aïeux ont une longue, très longue histoire à nous raconter.
La tradition des arbres de mai
Dans notre article sur les arbres de la paix et de la liberté, nous citons la remarquable étude d’Erik Fechner qui met en perspective la filiation entre les arbres de paix, de liberté et les arbres de mai. Cette tradition ancienne, attestée en France dès le XIe siècle, est devenue de plus en plus rare aujourd’hui. Seule une poignée de communes en France la perpétue encore. À la différence des arbres de paix ou des arbres à justice plantés sur la place du village ou des cités, les arbres de mai sont éphémères. Ils ne sont dressés qu’une fois l’an. Si les traditions peuvent changer d’une région à l’autre, la trame est à peu près identique.
Des jeunes gens du village, souvent célibataires, vont couper un grand arbre dans la nuit du 30 avril au 1er mai. On le dépouille de ses branches à l’exception d’un ou plusieurs cercles de ramure à son sommet. Il est souvent décoré de bouquets et de rubans puis hissé sur la place ou devant un édifice emblématique du village (église, château, maison d’un notable). Quelquefois, c’est un mât qui fait office d’arbre. Sa “plantation” donne ensuite lieu à des danses et des festivités pour tout le village. Le bois de l’arbre est souvent mis aux enchères pour payer la tournée des porteurs. Il peut aussi être brûlé lors des feux de la Saint-Jean.
Cette tradition a disparu dans notre région. Le tout dernier arbre de mai d’Adinfer dans le Pas-de-Calais remonte à 2005. Pourtant, l’arbre de Sainte Saturnine, planté chaque année à Sains-lès-Marquion, dans le Cambrésis, est sans aucun doute une survivance de cette coutume.
L’arbre de Sainte Saturnine, un ancien arbre de mai ?
En effet, aujourd’hui encore à Sains-lès-Marquion, on a coutume de se rendre dans le bois de Bourlon dans la nuit du 19 au 20 mai, jour de la fête de Sainte Saturnine pour y couper un arbre. Les hommes du village le ramènent pour qu’il soit totalement élagué à l’exception d’une sorte de toupet de feuillage à son sommet. On le dresse ensuite à l’aide de cordage, au pied même de la pierre Sainte-Saturnine. Enfin, un homme est chargé de grimper le long du tronc pour y apposer une image de la sainte. À noter qu’autrefois, seuls les célibataires, coupaient, portaient et dressaient l’arbre. L’argent récolté par sa mise aux enchères payait ensuite les réjouissances et les tournées dans les cafés. Les similitudes avec les traditions des arbres de mai sont frappantes.
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