L’arbre a toujours tenu une place essentielle dans nos traditions, nos croyances, notre rapport à la nature. Tantôt objet de culte, de légendes, de curiosité, de soins, de festivités, tantôt objet d’étude, d’oubli, de renaissance … Les arbres nous entourent et nous livrent parfois des morceaux de mémoire pittoresques, étonnants, amusants.
LES ARBRES DE LA PAIX, DES RACINES ANCIENNES
Nous partons aujourd’hui à la découverte de ces arbres de paix ou de liberté qu’on replante aujourd’hui avec cérémonie sur les places de villages, à l’ombre des monuments aux morts ou des églises.

Dans son étude passionnante sur la tradition des arbres de la liberté, Erik Fechner, met en évidence la filiation entre la tradition des arbres de Mai et la naissance des plantation des arbres de la liberté à partir de 1790.
Les arbres de « Mai » renvoient à une tradition festive, où l’ on coupait un arbre en signe de fertilité, de renaissance, de liens au seins de la communauté. Une tradition qui perdure encore dans quelques endroits de la région, notamment dans la petite localité d’Adinfer dans le Pas-de-Calais. La filiation des arbres de Mai avec les premiers arbres révolutionnaires de la liberté semblent aujourd’hui acquise. Rien ne naît de rien. Et une nouvelle pratique vient souvent d’une tradition plus ancienne qu’on habille d’un nouveau sens pour servir de nouveaux desseins.
LES ARBRES DE LA LIBERTÉ, UN SYMBOLE RENOUVELÉ
Les premiers arbres de la liberté sont plantés dès 1790. Et leur nombre vont aller croissant. Un décret du 22 janvier 1794 va même théoriser et réglementer cette pratique. Il impose à toutes les communes de France que tout arbre qui sera mort sera remplacé par une nouveau. Qu’il devra être planté avec des racines et faire l’objet de soin et d’attention de la part des citoyen. L’arbre doit grandir, devenir de fort et vigoureux, indéracinable, traverser les siècles, multiplier ses branches, faire de nouvelles pousses… On comprend facilement la symbolique voulue par les instances révolutionnaires.
L’arbre devient ainsi un lieu de « communion » laïque et citoyenne où doivent prendre forme un nouvel esprit citoyen. On choisit l’arbre pour les procès publics, les départs à la guerre pour défendre la patrie, les débats et les cérémonies qui soudent l’unité du village, de la communauté, de la nation. » Une société se construit sur un « vivre en commun » où se partage des règles et des symboles. Le christianisme a voulu chasser le paganisme en multipliant les croix et en sanctifiant les lieux de croyances, les révolutionnaire veut effacer le religieux en allant jusqu’à remplacer ces croix par ces nouveaux arbres de la liberté.
Nombre d’entre eux vont en faire les frais, abattus ou replantés au gré des soubresauts et des vicissitudes de l’Histoire.
LES DERNIERS ARBRES DE LA LIBERTÉ
Les commémorations des deux guerres mondiales ont vu fleurir de nouveaux arbres de la Paix. Le bi-centenaire de la révolution, en 1989, a permis de replanter un nombre impressionnant de jeunes arbres de la Liberté. Quant aux plus anciens, il en reste de moins en moins. Ces vieux témoins de l’Histoire de France sont bien souvent réduit au souvenir d’une carte postale ancienne ou quelques lignes dans un vieux guide touristique.
Il en reste néanmoins quelques uns, rares, très rares qui ont échappé aux vicissitudes du temps, des conflits, des humeurs, des tempêtes. A l’ombre de leur frondaison, vous y trouverez toujours un peu de la sagesse du temps. Certains disent qu’ils portent en eux la mémoire de tous ceux qui les approchés. Qui sait si en posant simplement la main sur leur vieux tronc, avec respect, ne laisserons nous pas aussi un peu plus qu’un instant…
2 Commentaires
Régis Caloin
Dans la commune de Longvilliers ou je suis né , tous les ans le premier samedi de mai on hisse un drapeau sur un tilleul de trente mètres de haut , les drapeaux étaient payés par les conscrits qui avaient passés leurs conseil de révision devant les maires du canton. Ils payaient leurs coups à boire et ils offraient de la tarte à gros bord .
il n’y a plus de conseil de révision mais cette tradition continue avec les jeunes de la journée citoyenne, avec en plus la participation de la fanfare de la ville d’Etaples …
Isabelle Duvivier
Merci Régis pour ce magnifique témoignage qui montre combien la tradition des arbres de Mai est encore bien vivante. C’est passionnant. Je ne connaissais pas cette coutume de Longvilliers, preuve que notre région est d’une richesse incroyable. Vraiment, merci à vous, encore une fois, pour nous avoir fait partager ce rendez-vous de Mai !