La première guerre mondiale essaime ses champs de bataille où les troupes françaises s’enlisent et s’épuisent. Les assauts sur les lignes allemandes échouent. Les pertes en vies humaines et en matériels sont dramatiques. Le maréchal Joffre et l’État Major allié imaginent un nouveau plan de bataille : lancer une grande offensive sur deux fronts : l’un, à l’Ouest, à partir d’Arras. L’autre, dans l’Aisne, le fameux Chemin des Dames. La simultanéité des attaques doit déstabiliser l’ennemi. Nivelle, a remplacé Joffre en décembre 1916 à la tête des armées françaises. Mais il maintient dans ses grandes lignes l’opération. Nous sommes au printemps 1917. Les troupes britanniques seront les fers de lance sur l’aile ouest. Elles seront les premières à attaquer. Des milliers d’hommes sont stationnés dans la fameuse carrières Wellington à Arras. Les Canadiens, seront en charge de prendre la cote 145. Le 9 avril 1917, jour de Pâques, l’offensive est lancée à 5h30 du matin. La bataille de Vimy commence. Quelques jours après, le 16 avril au matin, les troupes françaises s’élancent à leur tour sur le front de l’Aisne. La célèbre bataille du Chemin des Dames débute. Elle n’aura pas, hélas, le même succès que Vimy.
Une préparation militaire hors du commun
Les pertes importantes en vie humaine sur les champs de bataille de la Somme et de Verdun vont insuffler au commandement britannique de nouvelles méthodes de préparation : photographie aérienne, reconstitution des lignes ennemies, entraînement au combat à la baïonnette, au corps à corps, cartographie des lieux, repérage des batteries ennemies, entraînement sur le matériel allemand pour pouvoir utiliser les armes prises à l’ennemi et surtout le creusement d’un incroyable réseau de tranchées et de galeries souterraines. Une douzaine de tunnels sont percés dont certains comme le passage Goodman sur plus d’un 1,2 kilomètres de longueur. Équipés en eau et électricité, ils permettent d’acheminer les troupes, le matériel et les vivres au plus près du front sans être visibles. Des pièces entières sont creusées pour abriter les troupes, les postes de commandement et de communication, les dépôts de munitions et les postes de secours pour rapatrier les blessés.
En effet, depuis la fin 1916, les tunneliers néo-zélandais sont à la manœuvre dans la fameuse carrière Wellington à Arras. Le projet, creuser un vaste réseau souterrain de galeries, de chambres de casernement, hôpital, cantine, chambrées, sanitaires, postes de commandement. Un complexe souterrain capable d’accueillir plus de 24 000 hommes. Plusieurs dizaines de kilomètres de tunnels vont amener les troupes à quelques mètres seulement des positions ennemies. Mieux protégés, et jouant de l’effet de surprise, ils gagnent ainsi de précieux mètres à découvert dans le no man’s land qui les sépare des premières tranchées allemandes.
La crête de Vimy, considérée comme un haut lieu stratégique
La colline de Vimy est occupée par les troupes allemandes depuis octobre 1914. 10 000 hommes tiennent la place à grand renfort, eux aussi, de tunnels, de tranchées, de casemates, de mitrailleuses et de murs de barbelés. Et parmi eux, un certain Adolf Hitler. Il reviendra triomphant, le 2 juin 1940, sur l’ancien champ de bataille, devenu le lieu du Mémorial du Canada. Un champ de bataille d’une férocité absolue. Car depuis 1914, toutes les tentatives pour reprendre la crête de Vimy ont échoué. Le bilan est lourd du côté des français et des alliés avec plus de 150 000 morts. En mars 1916, les troupes britanniques viennent suppléer les troupes françaises. Parmi elles, quatre divisions canadiennes, pour la première fois réunies, soit 35 000 hommes environ. C’est eux, qui auront la lourde tâche de s’emparer de la crête. Un point stratégique qui permet, non seulement aux Allemands de surveiller et bombarder les alliés mais aussi de contrôler le bassin minier lensois proche.
Dès la mi-mars 1917, l’artillerie pilonne les positions allemandes. On parle de plus de 2500 tonnes d’obus tirés chaque jour. Un déluge de feu destiné à fatiguer les troupes adverses et faire barrage à leurs propres tirs de batterie. Il est 5 h 30, le 9 avril 1917, un lundi de Pâques, lorsque 15 000 Canadiens jaillissent des tranchées et s’élancent. Une première vague, aussitôt suivie par d’autres. L’affrontement est terrible. Il faudra plusieurs jours de combat pour que le 12 avril au soir, la crête de Vimy, la fameuse cote 145, tombe aux mains des alliés. Le bilan est lourd : plus de 10 602 tués ou blessés. En face, les pertes sont probablement identiques, auxquels s’ajoutent 3400 prisonniers. Les Allemands se replient quelques kilomètres en arrière mais la crête de Vimy restera aux mains des forces alliées jusqu’à la fin de la guerre. Le courage, l’abnégation des premiers combattant sortis des tunnels mais aussi l’ incroyable ingénierie militaire mis en place auront eu raison de 18 mois de résistance absolue.
La bataille de Vimy, le symbole de l’unité canadienne
La victoire de ces quatre divisions du Corps canadien réunis pour la première fois sur le champ de bataille de Vimy est aujourd’hui considérée comme un des actes fondateurs dans l’autonomie du Canada. L’esprit de nation a soudé ces troupes, alors dispersées dans les différents corps britanniques. En remerciement de leur bravoure et de leur sacrifice, le Canada sera invité à signer, en son nom propre, le traité de paix de Versailles qui met fin à la première guerre mondiale.
En témoignage de gratitude, la France décide en 1922 de céder au Canada, une centaine d’hectares situés sur la fameuse cote 145. C’est là qu’en 1936, est inauguré le Mémorial canadien de Vimy. C’est un site absolument grandiose. À la fois par l’architecture avant-gardiste de sculpteur Walter Seymour Allward, mais aussi par la composition extraordinairement visuelle de l’ensemble. Imaginez, deux flèches de pierre lancées à 35 mètres de hauteur, un monument d’une ampleur et d’une blancheur tranchante sur le ciel, tout en haut d’une crête dénudée qui domine les plaines d’Artois. C’est une sensation étonnante que d’arriver aux pieds du mémorial. D’entrer dans la démesure sans jamais se sentir écrasé. Dans une autre partie de l’enceinte du mémorial, vous pouvez voir une partie du champ de bataille qui a été conservé comme témoignage. L’herbe a repris ses droits, mais le sol martelé de cratères témoigne de la violence des combats. Plus loin, Des tranchées et des galeries souterraines ont été restaurées et ouvertes au public. Une visite passionnante et émouvante qui vaut à elle seule tous les cours d’histoire. Le mémorial de Vimy est le plus important monument commémoratif canadien en Europe. Il revêt aujourd’hui encore pour le Canada une importance nationale.
NORD DÉCOUVERTE | INFOS PRATIQUES
Accès en partie possible aux personnes handicapées
Entrée libre et gratuite
- Les tranchées, accessibles en visite libre.
- Les souterrains en visite guidée
- Le Centre d’interprétation est accessible en visite libre durant les heures d’ouverture du site.
- Les cimetières canadiens : les deux cimetières sont accessibles en visite libre.
Horaires d’ouverture : tous les jours de 9h à 17h00
Adresse : Route départementale 55- 62580, Vimy
Téléphone : +33 (0)3 21 50 68 68
Site Web du mémorial canadien de Vimy
Parkings gratuits sur place
1 Commentaire
Pingback: LE MÉMORIAL CANADIEN DE VIMY | Sur les Chemins de Mémoire