À une vingtaine de kilomètres au nord d’Amiens, l’immense cité souterraine de Naours est une des plus vastes « muches » de la région. La carrière de craie exploitée dès le haut Moyen Âge, va laisser place peu à peu à une véritable ville sous terre. Une ville avec ses places, ses maisons, ses chapelles.
Qu’appelle-t-on une muche ?
En patois picard, on désigne ces galeries et salles souterraines sous le nom de « muches ». Aménagées en profondeur, en réseau, elles peuvent compter de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de chambres comme à Naours où on en dénombre près de 300. Les sous-sols en craie, très tôt exploités en carrière, vont alors servir de refuge face aux invasions, guerres, pillages, qui se succèdent au cours des siècles. Pour se prémunir du danger et aux exactions, la population peut ainsi se mettre à l’abri, emportant sous terre vivres et bétails. Dans les Hauts-de-France, nombre d’entre elles vont connaître leur apogée aux XVIe et XVIIe siècles, des siècles particulièrement sanglants notamment lors de la guerre de Trente Ans.
Les muches se caractérisent par leur structure construite en réseau. Des rues principales, des places desservent les parties communes et les habitations. À la différence de carrières, des caves souterraines, des boves qui servent elles aussi d’abri, les muches sont pensées, façonnées, aménagées pour être un lieu de vie à part entière.
Naours, une véritable ville souterraine
La singularité du site de Naours réside dans l’extraordinaire étendue de son réseau de galeries, la diversité et la richesse des espaces aménagés. Un réseau composé de rues, de ruelles, rotondes, habitations, chapelles, parties communes, étables pour le bétail. Ses dimensions impressionnantes dépassent très largement les autres sites connus de la région.
À l’apogée de son histoire, au XVIIe, la cité souterraine de Naours s’étend sur plus de 2 000 m. On recense alors 28 galeries et 300 chambres et salles communes organisées en une douzaine d’îlots. L’ensemble est capables d’accueillir 2 000 personnes. Les muches creusées à plus d’une trentaine de mètres sous la colline du Guet, disposent même d’un astucieux système de cheminée. Pour ne pas que la fumée ne trahisse la présence de la ville souterraine, les conduits sont percés à l’horizontale jusqu’à rejoindre ceux d’une maison en surface. La fumée se mêle à celle d’une habitation, passant ainsi inaperçue.
Naours, la cité oubliée
Au XVIIIe, la paix revenue, la cité souterraine de Naours devient l’endroit idéal pour les faux-saulniers et leur contrebande de sel qui échappe à la fameuse gabelle. Comme beaucoup de souterrains-refuges, une fois les troubles passés, ils disparaissent alors peu à peu des mémoires. Les entrées se perdent ou sont bouchées, les galeries obturées ou laissées à l’abandon. La ville cachée tombe dans l’oubli jusqu’à ce qu’un homme passionné d’archéologie ne la redécouvre.
Décembre 1887, après de multiples recherches, l’abbé Danicourt découvre enfin l’entrée des souterrains. Aidé des villageois, il lui faudra près d’une vingtaine d’années pour explorer et déblayer les galeries. Pièces de monnaie, poteries, balles de mousquet sont retrouvées sur place. Dans les années 30, les « grottes de Naours » comme on les appelle alors accueillent les premiers touristes. Pourtant, d’autres visiteurs ont laissé de nombreux témoignages sur les parois de craie.
Un site mémoriel surprenant
Naours n’est pas seulement le témoin de l’ingénierie humaine qui se déploie au fil des siècles pour faire face aux pages les plus violentes de son Histoire. Elle garde sur ses murs, des témoignages émouvants, précieux de Britanniques, Australiens, Américains, Canadiens, Français. Des soldats qui durant la Première Guerre mondiale tracent leur nom, leur régiment, leur adresse à la mine de plomb.. Proche du front de la Somme, le site est en zone de repos. Les soldats vont trouver dans ces galeries souterraines un peu de répit et d’apaisement.
Ce corpus de plusieurs milliers de graffitis ouvre un champ de recherche historique novateur quant à la vie des soldats de la Grande Guerre. Il donne naissance également à de belles histoires comme cette Australienne, Janet Pietsch, qui a retrouvé en 2019 l’inscription laissée par son grand-oncle, cent ans plus tôt. Fred Jenkins, originaire de Bendigo, échappera au carnage et mourra à 91 ans. Un Centre d’interprétation met en lumière l’immense travail de recensement de l’archéologue Gilles Prilaux. Il jette un nouveau regard sur la guerre 14-18, notamment sur ces « soldats voyageurs ».
Un parc de promenade et de loisirs familial
Le site de Naours accueille en surface un immense parc de plus de 10 ha qui offre un magnifique cadre de promenade et d’activités familiales. Profitez tranquillement des sentiers balisés, de l’accrobranche, du mini-golf ou visitez, lorsqu’il est ouvert, le moulin du Belcan qui domine la colline. Pour la petite histoire, s’il symbolise les moulins à vent disparus, ce géant tournait autrefois à Linselles près de Lille. Un second moulin en provenance de Belgique, le moulin de Stavèle, dit de « Westmolen » est en cours de remontage. Il est destiné à produire de la farine 100% locale !
NORD DECOUVERTE | LA CITE SOUTERRAINE DE NAOURS EN PRATIQUE
5 rue des Carrières 80260 Naours
+33 (0)3 22 93 71 78 | Mail : contact@citesouterrainedenaours.fr
Plus d’infos sur le site
Entrée payante
Horaires d’ouverture
- Février-Mars : De 10h à 16h30 – Fermé le lundi
- Avril, mai, juin, septembre : De 10h à 17h30 (18h30 les week-ends) – Fermé le lundi
- Juillet et Août : Tous les jours de 10h à 18h30
- Du 1er octobre au 6 novembre : De 10h à 17h30 – Fermé le lundi
- Du 7 novembre au 31 janvier : Fermeture – Possibilité pour les groupes à partir de 15 personnes, sur réservation uniquement
- Dernier départ de visite possible 1h30 avant la fermeture.
Les toutous sont acceptés dans le parc tenus en laisse. Possibilité en visite du souterrain en sac de transport.
La visite du souterrain comprenant des marches, l’accès aux fauteuils roulants et aux poussettes n’est pas adapté.
Conseils de visite : prévoir un vêtement chaud même en été. N’hésitez pas à vous munir d’une lampe électrique.
Bon à savoir également
- Pique-nique : Deux aires couvertes. Interdit dans le parc du domaine.
- Parking gratuit : Voiture, bus et camping-car.
- Restauration snack-bar sur place
- Boutique de produits et souvenirs
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Randonnées et sorties à cheval vous attendent à la ferme équestre CREPP de NAOURS. Pour une heure, une journée ou plus, plusieurs formules sont proposées aux petits comme aux plus grands. Découvrez la campagne picarde ou poussez un peu plus loin jusqu’aux trésors de la côte picarde et la sublime Baie de Somme. Que du bonheur !
Ferme Equestre C.R.E.P.P NAOURS (Centre de Randonnée Equestre et pédestre Picard)
Chemin fond Mathias, 80260 Naours
Contact : 06.29.83.39.95 | Mail : crepnaours@gmail.com
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