A l’orée de la forêt domaniale de Nieppe, juste au croisement de la rue du Christ et de la D 946, découvrez l’étonnant calvaire de Caudescure. Étonnant, non pas pour sa conception assez familière, mais pour les innombrables loques qui l’entourent. Une tradition qui ne se dément pas depuis des décennies.

Une pratique liée à la tradition des loques

vue de la chaîne avec les loques qui entourent le calvaire de caudescure

Il est toujours surprenant de constater qu’un lieu, qu’un édifice plutôt qu’un autre fera l’objet de la tradition très particulière des loques. En effet, la prière pour une guérison ou pour qu’un vœu s’exauce s’accompagne de la dépose d’un linge ou d’un objet. Il reste accroché à une grille, à une branche ou comme ici à Caudescure, à la chaîne qui entoure le calvaire. Cette singularité, qui s’attache littéralement à un lieu, trouve sans doute une origine beaucoup plus ancienne que le calvaire lui-même (XIXe-XXe). Nous sommes à l’orée de la vaste forêt de Nieppe, au croisement de chemins et à quelques pas de la rue Cappel Boom. Remontons le temps.

Un lieu de culte ancien ?

Il est probable que le calvaire à loques de Caudescure ait pris la place d’un lieu de culte plus ancien, un arbre à chapelle. Le nom de la rue Cappel Boom (Boom Kapellen) rappelle la présence d’une chapelle « cappelle Boom », mentionnée sur des cartes anciennes. Elle s’élevait non loin du calvaire actuel. En Flandre, ces petites chapelles sont, à l’origine, fixées sur un arbre. Elles faisaient souvent l’objet de dévotions particulières comme celle d’accrocher des cordons en signe de protection. On retrouve encore cette configuration au tilleul des malades d’Haendries ou à la fontaine Saint-Martin de Wulverdinghe.

la niche votive sur le tronc de La fontaine Saint-Martin de Wulverdinghe

Ces petites chapelles votives ont peu à peu disparu avec l’arbre qui les abritait ou laissées à l’abandon. Néanmoins, un lieu de culte très populaire a souvent perduré à travers la construction de véritables chapelles, d’oratoires et de calvaires, même déplacés. Le culte de la chapelle d’Hasnon en est exemple.

Les traditions qui entourent le calvaire du bois de Caudescure

Jacques Messiant dans son livre Magie, sorcellerie et croyances populaires paru aux Editions Ouest-France en 2010 évoque le calvaire. Il témoigne d’une coutume d’y déposer une bougie qui en aucun cas ne doit s’éteindre le temps de la prière. On y venait en pèlerinage, le vendredi saint pour la guérison des fièvres. Il parle également des petits verres à genièvre déposés par les épouses de maris trop buveurs. Enfin, on vient aussi y prier pour la guérison des maladies et infirmités infantiles.

les loques accrochées au calvaire en gros plan

La coutume d’accrocher des linges (écharpe, gants, chaussettes, etc.) à la chaîne qui entoure le calvaire est restée la même. Certains y verront un côté pratique, d’autres, d’être au plus près du symbole de la couronne d’épines du Christ. Il faut rappeler que le terme de « fièvres » recoupe en réalité de nombreuses maladies. Les vœux concernent donc un grand nombre d’affections dont souffrent les enfants et les adultes. La spécificité des maladies infantiles ne semble plus être en vigueur aujourd’hui.


vue de l'encart du guide des fontaines, chapelles et arbres guérisseurs du Nord et Pas de Calais


Les autres calvaires à loques de notre région

photo des loques accrochées au calvaire de Steene

Le calvaire de Caudescure n’est pas le seul exemple dans le Nord. Citons le calvaire de Steene, encore très fréquenté. Le calvaire Saint-Tremblant de Gommegnies qui, jusqu’à sa récente réfection, faisait l’objet de dépose de chaussures d’enfant. Enfin, le calvaire de Kruysbellaert à Petite-Synthe près de Dunkerque.


Le calvaire à loques de Caudescure en pratique

vue d'ensemble du Christ du calvaire de Caudescure

  • Accès libre
  • Localisation : Au croisement de la rue du Christ et route d’Hazebrouck – Merville ( D 946) au lieu dit le Gros Chêne.
  • Juste en face, vous trouvez l’entrée de la drève du Milieu.
  • Possibilité de stationner sur place ou sur le parking du Gros-Chêne tout proche.


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perspective de la drève du milieu dans la forêt de Nieppe

 

 

Une balade dans les allées et les drèves du magnifique massif forestier de Nieppe et ses 2 600 ha. Pour la petite histoire, il matérialisait l’ancienne limite linguistique entre la Flandre et l’Artois. C’est ainsi que le nom de Nieppe serait à ‘l’origine « n’ ieppe » qui désigne l’orme en flamand.

  • Plusieurs tables de pique-nique sont disponible à proximité du Parling du gros-chu,e
  • Panneau d’orientation
  • Les drèves principales sont plutôt praticables par temps sec pour les poussettes et personnes en situation de handicap.