Cachée tout au bout d’un petit chemin de terre, la fontaine miraculeuse Saint-Martin de Wulverdinghe est un endroit singulier. Bien à l’abri des regards, elle reste assez peu connue à la différence de la source Sainte-Godeleine de Wierre-Effroy. Toutes les deux ont cependant un point commun : la vertu, dit-on, de guérir les affections touchant les yeux. Juste à côté des quelques marches qui descendent au bord de l’eau, un tilleul reçoit les linges et les objets laissés en offrande. À ses pieds, un autel sur lequel on peut lire ” je ferai couler sur vous une eau vive”…
L’âne de Saint Martin au secours des Wulverdinghois
La légende raconte que Saint-Martin voulut faire halte un soir au village de Wulverdinghe, non loin de Cassel. Il découvre alors la population assoiffée par le manque d’eau et souffrant de maux d’yeux purulents. Saint Martin reprend sa monture et se met alors à la recherche d’un point d’eau pour soulager les malheureux.
Il arrive en bordure du bois du Ham quand son âne s’arrête et se met à gratter le sol. L’eau d’une source jaillit soudain sous son sabot. Martin retourne au village, et distribue l’eau. Il repart le lendemain, laissant les villageois guéris. On dit qu’en remerciement, ils construisirent une chapelle à l’origine de l’église actuelle. Quant à la fontaine, connue aussi sous le nom de puits Saint-Martin, elle est toujours l’objet de culte.
La fontaine Saint-Martin de Wulverdinghe, une tradition des eaux miraculeuses et des arbres à loques
On découvre en effet en arrivant à la source qu’elle concentre deux lieux de culte ancestraux, l’eau et l’arbre. La source qui s’écoule ensuite à travers les bois. Un tilleul, christianisé, par la petite niche votive placée sur le tronc qui renferme la statue du saint. Ces arbres à chapelle étaient courants autrefois, particulièrement en Flandre. Ils étaient d’ailleurs souvent associés à la tradition des loques. À noter qu’ici, les linges et les objets laissés sont cloués au tronc et non noués comme à Hasnon par exemple. Cette particularité rapproche l’arbre Saint-Martin de Wulverdinghe de la tradition des arbres à clous. Citons notamment le chêne à clous Saint-Antoine d’Herchies ou les arbres à loques de Stambruges en Belgique.
Si le sens profond reste le même – laisser le mal sur place et éloigner ainsi, physiquement, géographiquement, la maladie du malade, le geste d’enfoncer le clou est un acte plus incisif. Plus insistant. Moins improvisé aussi, puisqu’il faut l’avoir sur soi et le planter. Cette symbolique résonne fortement avec les clous de la crucifixion.
Enfin, juste au pied de l’arbre, vous verrez un autel offert par un habitant en remerciement d’une guérison. Jusqu’en 1994 en effet, on venait y célébrer l’office des rogations, c’est-à-dire les trois soirs précédant le jeudi de l’Ascension.
Saint-Martin, un saint encore très populaire dans le Nord
Le culte de Saint-Martin avec sa fidèle monture, âne ou cheval, sont encore très présent en Flandre et notamment lors des fêtes traditionnelles autour du 11 novembre. La tradition des lanternes et des guénels confectionnés et portés par les enfants est l’occasion de réjouissances. Il existe également de nombreux lieux de cultes et de légendes liés à ce saint très populaire. Citons notamment dans le Nord la fontaine Saint-Martin de Morcamp ou le curieux pas d’Aumerval d’où dit-on, le cheval de Saint-Martin s’envola… Enfin, pour les plus gourmands, impossible de ne pas goûter aux délicieux folards ou craquendoules. Ces petites brioches traditionnelles qui doivent tout à l’esprit fugueur et vagabond de notre infatigable équidé…
La fontaine miraculeuse Saint-Martin de Wulverdinghe en pratique
Accès libre – Chemin de terre
Localisation par un panneau, au niveau du 1050 route de Cassel (D28), (à 200 m environ de la rue de Kruysbroere). Suivre le sentier en bordure de propriété sur 150 m environ.
Attention, il est très difficile de stationner aux abords.
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3 Commentaires
Annie MONCAUT épouse GANDOLFO
Merci beaucoup pour ces merveilleuses légendes et traditions, si bien documentées.
Actuellement en région parisienne, je suis née à Dunkerque (Malo), et j’ai vécu mon adolescence (années 60) à Boulogne. Je garde un souvenir très vif (et nostalgique) de cette belle région à la population si chaleureuse, et je suis toujours ravie d’en apprendre davantage.
Isabelle Duvivier
Un grand merci pour votre message qui nous touche énormément. C’est toujours un plaisir de partager nos découvertes, les lieux et les récits de notre magnifique région.
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