Localisation : au bout de la rue du Maréchal Foch, Bouvines (Propriété privée)
La magnifique ferme de la Courte est emblématique des censes à tour carrée du Mélantois. Si elle est déjà mentionnée dès le XIe siècle, trois millésimes datent les bâtiments actuels : 1682 pour les écuries, 1871 pour l’étonnant porche pigeonnier, 1881 pour la maison d’habitation. Propriété de l’abbaye bénédictine de St Amand jusqu’à la révolution, elle entre dans la famille Deffontaines au XIXe. Un nom attaché au Général Achille Deffontaines , le plus jeune Général de France et le premier à mourir au combat le 26 août 1914, à l’âge de 56 ans.
La ferme de la Courte, un exemple typique des censes du Pévèle-Mélantois
Les immenses plaines agricoles du Pévèle – Mélantois ont donné naissance à une magnifique architecture rurale, celle des censes. Ces grandes fermes au carré, fermées, sont souvent précédées d’un porche imposant, d’un pigeonnier et sont même, parfois, entourées de douves. Une architecture à mi-chemin entre la ferme et la demeure seigneuriale.
La ferme de la Courte à Bouvines est absolument remarquable avec son porche couvert d’inscriptions : celui du nom de la cense, le millésime de construction et les initiales des deux familles propriétaires : CG pour Charles Deffontaines, LM pour Louise Maës. Ces inscriptions sont travaillés avec le jeu du parement des briques. La ferme de la Courte permet également d’évoquer certaines autres traditions très présentes dans le patrimoine architectural de Flandre et d’Artois. C’est par exemple le cas de la petite chapelle votive contenant une vierge à l’enfant au-dessus de l’entrée principale de la ferme. À la fois mère et protectrice, elle est souvent présente sous forme de niche pour apporter protection et prospérité aux propriétaires, au bétail et aux récoltes.
La tradition des symboles protecteurs
Sur le côté latéral de la tour du porche, on découvre un cœur. La symbolique du cœur sur les pignons des maisons et des fermes se répand à partir du XVIe siècle. Elle se rattache très directement à la foi chrétienne, notamment en lien avec l’adoration du sacré-cœur. Même symbole protecteur pour les croix visibles en frise sur le pourtour de la tour et les linteaux de la cour intérieure.
Ce ne sont pas les seuls éléments apotropaïques, protecteurs, présents sur l’édifice : Tout en haut d’un pignon, vous pouvez apercevoir une ancre murale en forme de fleur de lys. La fleur de lys a plusieurs symboliques : la royauté bien sûr, mais aussi un lien direct avec le culte de la Vierge. Elle est d’ailleurs présente sur les armoiries de Lille. Sur la partie basse de l’ancre, on distingue plusieurs traits. Certains historiens rapprochent ces signes de la tradition des runes. Placés sur les ancres murales, ils sont censés éloigner les mauvais esprits, le mauvais sort ou protéger de la foudre par exemple. Les traits verticaux, en forme de “I” feraient référence à l’Isa, symbole de la glace, de l’eau gelée. En arrêtant et donc figeant ce qui l’entoure, elle est considérée comme une des runes bouclier. La croix de saint André, en “X” ou gebo ferait référence à l’emblème du dieu celtique Taranis, dieu de l’orage et du tonnerre. C’est aussi une rune bouclier très présente sur les édifices de notre région. Alors simple marque de forgeron ou signes protecteurs ? La question est posée…
NOTRE SUGGESTION POUR POURSUIVRE VOTRE PROMENADE
En longeant le petit chemin derrière la ferme, vous pouvez rejoindre la promenade le long de la Marque. En reprenant le chemin pavé des Neuf Bonniers, vous regagnez la rue principale Félix Dehau et le centre de Bouvines.
Enfin, quelques autres magnifiques censes sont à découvrir aux alentours : La ferme de la Noyelle à Sainghin en Mélantois, la ferme Sainte-Barbe à Bourghelles, la ferme d’Aigrement à Ennevelin, la ferme de Lassus à Tourmignies, la Grande ferme à Wannehain …