Ces vénérables géants veillent souvent depuis des siècles sur la place du village, au carrefour d’un chemin ou le porche d’une église. D’autres ont grandi à l’ombre d’épisodes heureux ou malheureux de l’Histoire. Ils s’entourent de légendes, de croyances de traditions qu’ils nous transmettent encore aujourd’hui. Lorsque l’un d’eux disparaît, c’est une mémoire qui s’efface avec lui. Alors profitons-en. Au fil de nos promenades, nous nous sommes arrêtés quelques instants à l’ombre de leur imposante frondaison suivant ainsi les pas de tant d’autres avant nous. Un patrimoine vivant qu’il faut s’évertuer à préserver. Voici quelques-uns des arbres parmi les plus insolites de notre région. Une autre façon de la découvrir…
Le tilleul de Joncquoy d’Aubers (59) | Le vénérable des Weppes
La plantation au XVe siècle de ce magnifique tilleul et ses huit mètres de circonférence est attestée par des actes. Une longévité exceptionnelle qui en fait le dernier témoin du château de Joncquoy et des superbes jardins dessinés par Le Nôtre, tous les deux emportés par la révolution française. Mais savez-vous qu’on pouvait voir encore jusqu’en 1970, un peuplier planté en 1721 poussait au centre du tilleul fendu par la foudre ? Et pourtant, c’est le plus âgé des deux qui aura le mieux résisté au temps.
- Localisation : 5 Chem. du Joncquoy, 59249 Aubers
L’arbre échelle d’Ostricourt (59) | Un curieux vestige de la Grande Guerre
Approchez-vous du grand chêne du bois de l’Offlarde. Vous remarquez d’étonnantes boursouflures à intervalles réguliers le long du tronc. Ces boursouflures sont en réalité les barreaux de fer posés par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale pour se servir de l’arbre comme poste d’observation. Ce géant de 40 m de haut et vieux de 200 à 300 ans, a peu à peu « avalé » et fait disparaître ces marches en les recouvrant d’écorce. Un phénomène qu’on observe également avec les arbres barbelés du blockhaus d’Eperlecques comme un message de vie sur les cicatrices de l’Histoire.
Vous êtes à quelques pas du Bois du Court Digeau et du terril Saint-Eloi. Un bel ensemble de sentiers piétons, équestres et Vététistes, en prolongement de la forêt de Phalempin.
- Localisation : angle de la rue Jules Guesde et de la rue de la Libération, 59162 Ostricourt
Le tilleul aux malades d’Haendries (59) | L ‘arbre chapelle de Notre-Dame
Planté à l’intersection de deux routes, cet arbre-chapelle placé sous la dévotion de Notre-Dame fait l’objet d’un culte bien particulier. Celui d’accrocher un linge aux branches après une prière ou un souhait de guérison. Cet objet aura en charge de «retenir» le mal ici pour en délivrer celui qui l’a porté. Le tilleul de Bailleul fait partie des arbres à loques traditionnels de notre région.
- Localisation : hameau d’Haendries, voie Krommestraete
Les arbres aux loques d’Hasnon (59) | Les arbres à vœux du Bon Dieu de Giblot
Même si la chapelle a changé de place plusieurs fois, même si le vieux chêne est mort étouffé par les loques. Même si le jeune frêne qui l’a remplacé se voit aujourd’hui secondé par un conifère, au fil des siècles, la croyance, la tradition reste incroyablement intacte. Hasnon est des lieux du recours aux loques parmi les plus fréquentés. Le nombre incroyable de linges et d’objet laissés chaque année rend l’endroit surprenant.
Découvrez la chapelle et les arbres à loques d’Hasnon
Le tilleul aux croix d’Aire sur la Lys (62) | Un arbre funéraire unique
La coutume funéraire attachée à cet arbre est une des toutes dernières à subsister dans notre région. La tradition voulait en effet que les convois funéraires qui se rendaient à pied d’Isbergues à Aire s’arrêtent devant ce tilleul situé dans l’ancien hameau des NeufPré. On récitait une prière puis on accrochait aux branches une petite croix en bois avec les initiales du défunt. Il fait partie des arbres insolites parmi les plus curieux de notre région.
Découvrez plus en détail l’arbre aux croix d’Aire sur la Lys
Le marronnier du WAST (62) | Il paiera lui-même le bûcheron
Cette jolie petite bourgade – la plus petite du Boulonnais – mérite un détour à plus d’un titre. Prenez un instant pour admirer le portail romano-byzantin de l’église Saint-Michel (XIe –XIIe). Un exemple rare dans notre région. Vous apprécierez aussi le charme et la tranquillité de la place du village bordée de maisons du XIXe aux ancrages millésimes. Au centre, un vénérable marronnier planté en 1910. Ce plus que centenaire cache un secret : une pièce d’argent aurait été enterrée sous ses racines lorsqu’il a été planté. Elle servira à payer le bûcheron qui devra abattre l’arbre… Le plus tard possible !
Le tilleul de Marquise (62) | Le chasseur de mauvais esprits
Si les tilleuls sont connus pour leur longévité, ils ont aussi des vertus apaisantes se mariant remarquablement bien avec les nombreuses traditions qui les entourent. Planté vers 1412 devant le porche de la jolie petite église Saint-Martin, cet arbre plusieurs fois centenaire a la réputation de chasser les mauvais esprits. Mais savez-vous qu’un souterrain passe aussi sous ses racines ?
Découvrez le tilleul de Marquise et ses légendes
Le chêne du Dieu Pitié | L’arbre porte-bonheur de la forêt de Clairmarais (62)
Les fleurs, les chapelets, les colifichets accrochés au tronc et jusqu’aux petites pièces de monnaie glissées dans les interstices de l’écorce font entrer ce grand chêne tricentenaire dans la grande famille des arbres à voeux. Plus insolite, toutefois, était la coutume d’autrefois consistant à nouer une baguette de noisetier autour du tronc puis d’aller boire un peu d’eau de l’étang d’Harchelles, juste à côté.
Arrêtez-vous un instant devant le chêne du Dieu Pitié, il vous portera chance !
Nous tenons à saluer également le travail remarquable mené par l’association A.R.B.R.E.S dans la valorisation et la protection des arbres d’exception.
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