Sortons citrouilles et guénels ou attendons la lune rousse pour avoir des frissons. Nous pourrons peut-être alors apercevoir ces fantômes, sorcières, chimères et esprits inquiétants qui hantent nos forêts, marais, châteaux, nos eaux sombres et bouillonnantes. À moins que par prudence, nous ne passions notre chemin et rentrions vite, très vite, lorsque la nuit tombe…
Peut-être croiserez-vous le redoutable et changeant Kludde, devenant tantôt un arbre immense, tantôt un grand chien noir ou un cheval famélique. À moins qu’un leumerette, en feu follet vindicatif et cabotin qu’il est, ne vous pousse dans un trou… Mais, si des bruits de chaînes retentissent dans la nuit, priez pour que soit bien un vrai fantôme et non un de ces diaboliques gobelins qui vous font passer le goût des promenades nocturnes.
Alors partons sans plus tarder pour quelques-uns de ces lieux délicieusement maléfiques et hantés où légendes et sortilèges feront cortège au promeneur imprudent !
Le château d’Esquelbecq et le fantôme de la dame au petit chien
Ses murs décorés de signes mystérieux, immenses, nous avertissent que nous entrons dans un univers où la puissance des runes antiques est là pour protéger passants, promeneurs et châtelains … Protéger… Mais de quoi ? Des vicissitudes de l’Histoire, des maléfices qui guettent depuis la nuit des temps ou de cette silhouette blanche qui arpente les allées suivie fidèlement par un adorable petit chien ?
Le château de Steene et le fantôme de la petite fille du parc
Prenez garde aux demeures qui paraissent si tranquilles. Car si, d’aventure vous vous promeniez dans le parc, il n’est pas du tout certain que certaines voix et certaines traces de pas ne vous fassent rebrousser chemin… Que vous dira cette petite fille qui veille sur les douves de cette belle demeure du XVIe… Belle, mais pas aussi reposante qu’il n’y paraisse …
Le château d’Esnes et le fantôme du chevalier amoureux
En montant les marches étroites de la tour, en essayant de déchiffrer les mystérieux graffitis des anciens cachots, vous aurez l’esprit ailleurs. Vous serez un instant un soldat guettant l’attaque, un prisonnier dessinant dans la pierre un message silencieux… Mais vous pourriez aussi croiser un mystérieux chevalier qui viendra à votre secours pour peu que votre amour soit, ce jour-là, contrarié…
Les âmes damnées de la rue des Brigittines à Lille
Au 60 de la rue Gustave Delory à Lille, s’ouvre une des rues les plus secrètes de la métropole lilloise. Une des plus envoûtantes aussi. La rue des Brigittines semble tellement hors du temps. Cet îlot, préservé de l’ancien quartier Saint-Sauveur, est d’un charme extraordinaire. Extraordinaire, c’est le mot… Car, dressez l’oreille, certains soirs… On dit que ce n’est pas le souffle du vent qui s’engouffre dans le passage voûté. Mais bien les âmes tourmentées des religieuses qui vivaient là. Il y a bien longtemps. Remontons les siècles, nous sommes en 1608.
Le couvent des sœurs Brigiitines de Termonde n’est fondé que depuis quatre ans quand les premières visions de spectres et des scènes effrayantes apparaissent. Puis les religieuses tombent malades les unes après les autres. Enfin, en 1612, lors d’un office, plusieurs sœurs sont prises de rage. Elles renversent l’abbesse, se mettent à danser au pied de l’autel, crient, se contorsionnent, psalmodient des mots étranges. Mieux, elles ne pourront plus s’alimenter pendant trois semaines. Sans conséquence apparemment. Deux membres de la communauté vont alors faire la confession d’être en relation avec Satan en personne. Marie de Sains et Simone Dourlet, encore novice, sont arrêtées et conduites à la prison de Tournai.
Durant de longs mois, elles seront soumises à un interrogatoire sans ménagement. Marie de Sains finit par avouer se livrer à des actes de sabbat, de débauches, et même des meurtres d’enfants. Elle échappe au bûcher et meurt, semble-t-il, en prison vers 1630. On ne sait pas ce qu’est devenue l’autre jeune femme. Reste une question… D’où vient ce murmure qui coure le long des vieux pavés ? L’âme tourmentée des religieuses ou celle de leurs victimes qui hantent depuis plus de 250 ans cet îlot préservé du temps ?
Le château de Cysoing et le fantôme de la dame bleue
Nous vous emmenons maintenant dans un lieu plein de charme à l’ombre d’un petit château qui ressemble à s’y méprendre au petit Trianon de Versailles. Une folie. Dans la grande allée centrale, vous suivez deux longs miroirs d’eau où cygnes et canards dessinent des arabesques tranquilles. Vous devinerez à travers les arbres, sur une petite île, une chapelle en rotonde qui rappelle tant un temple d’amour. Enfin, arrêtez-vous devant l’imposante silhouette de la pyramide de Fontenoy, dressée à la mémoire de Louis XV. Car le roi fut l’hôte de l’abbaye aujourd’hui disparue. Disparue ? Peut-être pas totalement, car les pierres ont la mémoire dure. Les légendes aussi.
Elles commencent dans ces mystérieux souterrains qui seraient au nombre de quatre, partant vers la Belgique, Lille, Combrieux et Douai. Aujourd’hui écroulés, ils sont loin d’avoir révélé tous leurs secrets. Sont-ils vraiment inondables grâce à un ingénieux système relié aux grands bassins ? Desservent-ils une pièce secrète où se tenaient des messes noires ? Enfin, mènent-ils au tombeau caché de Gisèle ? Gisèle, petite fille de Charlemagne qui fonde au IXe siècle cette abbaye Saint-Calixte avec son époux Evrard. Sa tombe ne fut jamais retrouvée… Ni le trésor qu’il renferme. Une énigme sur laquelle veille jalousement la dame bleue.
La fidèle gardienne du trésor de Cysoing
Ils sont quelques-uns à l’avoir vu errer le soir dans les allées du château. Ils témoignent d’une étrange forme bleutée qui semble flotter devant eux. Ce fantôme évanescent serait celui de la dame de compagnie de Gisèle. Elle apparaît, dit-on, lorsqu’on s’approche trop près du tombeau et du trésor qu’il renferme. Mais est-elle bien la seule à hanter les lieux ?
Car, à l’ombre du château de Cysoing, vous trouverez un sympathique estaminet. Asseyez-vous tranquillement à une des tables. Prenez le temps de déguster une bière ou une des planches au menu… Mais si d’aventure quelque chose vient détourner votre attention… Si vous êtes sensible aux présences impalpables… Sachez que l’estaminet est construit dans l’ancienne enceinte de l’abbaye… Vous ne croyez pas aux fantômes ? Attendez avant de sourire… Il se pourrait qu’après le repas, vous changiez d’avis…
Découvrir le château de Cysoing
Le château d’Hollain et la salle du Diable
Cette magnifique forteresse au cœur de l’Artois est un des rares exemples, dans notre région, d’architecture médiévale (XIIIe-XVe) aussi bien conservée. L’ensemble est composé de sa basse-cour d’origine avec ses granges, ses étables, ses écuries et de la partie habitat. Donjons, douves, caves souterraines et son exceptionnelle basse-cour sont un régal pour le visiteur. Nous voici transportés dans l’Histoire au bruit des faits d’armes, des chevaliers, des dames qui vont et viennent d’une pièce à l’autre… À moins que ce ne soit pas seulement le fruit de votre imagination… Car nombre de légendes vont vous faire cortège tout au long des couloirs, des escaliers et des chemins de ronde… Mais il n’est absolument pas certain que les mystérieux signes tracés sur les murs ne vous protègent des mauvais sorts et des revenants…
Un repas funeste…
On y raconte qu’un soir d’orage, le seigneur du château, entouré de nombreux convives festoyaient ensemble. La nourriture était abondante et le vin coulait à flots. Les rires, le vacarme des coupes qui s’entrechoquent résonnaient si fort qu’ils couvraient sans peine le tonnerre et la grêle. Soudain, pourtant, on entendit frapper lourdement à la porte de la salle. Contre toute attente, un moine mendiant se présente et demande l’hospitalité. Le silence qui avait accompagné l’entrée du vieil homme laisse place aux moqueries, puis aux paroles de plus en plus violentes à son égard. Les coups mortels pleuvent sans que personne n’intervienne. Le pauvre homme finit par succomber. On se débarrasse du corps en le jetant dans les douves. La fête repend de plus belle… C’est à peine si l’un d’eux fait attention aux déclarations des gardes et des domestiques qui affirment pourtant n’avoir laissé entrer personne…
La terrible vengeance des moines…
Le lendemain soir, alors que les invités se réunissent à nouveau dans la même salle, la conversation porte sur les événements de la veille. À cet instant, la porte s’ouvre soudainement et des moines entrent dans la pièce. Personne ne peut voir leur visage sous leur capuchon baissé. Sans rien dire, ils se placent l’un après l’autre derrière chacun des convives. Un cri lugubre retentit alors dans la galerie. Comme un signal, ils abattent violemment leur main droite gantée sur l’épaule de la personne attablée devant eux en ne prononçant qu’un seul mot “vengeance”. Ils se retirent laissant la tablée en sang et hébétée. La même scène se reproduira deux jours de suite avant que seigneur et invités ne fuient épouvantés le château d’Olhain. Peine perdue, ils moururent tous dans l’année même.
Depuis, on dit que leurs âmes égarées reviennent encore et encore hanter cette salle à la recherche d’un pardon…. Ou, peut-être, d’une autre âme à tourmenter. N’y restez jamais seul… Qui sait s’ils ne pourraient pas venir plus tôt qu’à la nuit tombée. Et même s’ils seront les seuls fantômes malveillants et funestes à venir troubler votre tranquillité … Car au fil des siècles, la belle forteresse a vu nombre d’épisodes glacer le sang des villageois et des conteurs. N’y a-t-il pas eu ce jeune officier qui mourut les armes à la main dans la cour d’honneur assaillit pas des spectres immenses ? Est-on vraiment certain qu’il s’agissait en réalité de brigands déguisés pour faire fuir les curieux ? Enfin, le fantôme de Dartagnan a longtemps nourri la légende d’Hollain… Mais c’est une autre histoire…
Le dolmen de Fresnicourt et la ronde des Demoiselles Blanches
Vous n’êtes qu’à un battement d’ailes de chauve-souris du château d’Hollain. Nous voici à l’orée du bois qui domine le petit village de Fresnicourt-le-Dolmen, le bien nommé. Un dolmen qui n’est plus hélas que l’ombre de lui-même. Ce qui fut autrefois un ensemble mégalithique exceptionnel est aujourd’hui réduit à quelques pierres sauvegardées. Pourtant, certaines nuits, elles s’animent, dit-on, de bien curieuse façon…
Prenez tout votre temps pour imaginer l’endroit du temps de sa splendeur. Mais, surtout, surtout, ne vous attardez pas dès que la nuit tombe. Il se pourrait que vous entendiez alors une musique qui semble venir de sous les pierres. Une musique douce, envoûtante, mélodieuse… Tandis qu’apparaissent les demoiselles blanches. Elles vont alors danser et virevolter autour du vieux dolmen formant un cercle de plus en plus étroit. Elles sont chez elles, ici, à la Table des Fées. Malheur à vous si vous entrez dans cette ronde effrénée… Car elles vous entraînent à jamais dans les entrailles de la terre. Là où elles vivent le reste du temps. Enfin, allez jusqu’à Gauchin-Légal, tout proche. Sur la place du village, la pierre du diable désormais enchaînée va vous raconter de bien curieuses histoires…
La mer hantée de Flines-lez-Râches
C’est un endroit plein de charme et bucolique à souhait. Tout y est calme et quiétude… Les pêcheurs attentifs, les promeneurs silencieux, l’eau lisse et tranquille… Et pourtant… L’histoire de cette étonnante “mer”, sa forme parfaitement circulaire et la légende qu’on raconte pourrait s’avérer beaucoup plus inquiétante. Car c’est dans les profondeurs sans fin – dit-on – que nous allons plonger.
Bours et ses fontaines surprenantes
Oui, deux fontaines coulent presque côte à côte un peu à l’écart du bourg de Bours. Dans l’une, l’eau claire et limpide frémit soudain et s’agite quelques instants. La seconde n’est qu’à quelques pas. Vous serez intrigué par ses étranges reflets turquoise même sous un ciel d’orage. Une bizarrerie qui pourrait être d’une grande poésie si ce n’est que vous êtes penché au bord d’une redoutable fontaine bleue ! Redoutable en effet…
Stambruges et sa fontaine bouillante
Nous faisons une petite incursion chez nos amis belges pour suivre les beaux sentiers de la forêt de Stambruges. Une forêt bien mystérieuse avec son étrange mer de sable, ses arbres à loques et son étonnante fontaine bouillante. Mais, surtout, restez bien sûr vos gardes quand minuit arrive… Car il se pourrait que vous entendiez un redoutable claquement de fouet …