Le chêne du Dieu Pitié se tient à quelques pas de l’étang d’Harchelles, au cœur de la forêt domaniale de Rihoult-Clairmarais. Ils sont tous les deux liés par une coutume ancienne singulière. Cet arbre-calvaire tricentenaire est encore aujourd’hui un lieu de dévotion pour les uns, de superstition pour les autres. En effet, cet arbre vénérable porte, dit-on, bonheur.
Pourquoi le nom de chêne du Dieu Pitié ?
Seul le nom de « bon dieu pitié » témoigne, aujourd’hui, d’une imagerie religieuse qui se développe à partir du XVe siècle en Belgique, en Flandre, Champagne, Lorraine et en Bourgogne. Elle représente un Christ assis, dénudé, les mains liées, épuisé par la montée au calvaire sous le poids de la croix, blessé par la flagellation, résigné par le sort abominable qui l’attend, sa crucifixion.
Cette imagerie s’accompagne d’une dévotion populaire qui va grandissante durant tout le XVIe siècle. Sans doute, parle-t-elle aux plus humbles, aux plus malheureux, aux plus souffrants qui ressentent toute l’émotion et l’humanité de cette scène. Une scène qui n’est pas décrite dans les évangiles, mais qui vient prendre toute sa place dans la scénographie de la Passion. C’est ainsi que nombre de chapelles, d’oratoire, de calvaires porteront le vocable de « Christ aux liens », « Dieu de pitié », « Dieu piteux », « Christ de pitié » ou prendront une couleur plus locale comme le « Bon Dieu de Giblot » d’Hasnon.
Un culte particulièrement présent à Clairmarais
Preuve de l’implantation forte de cette tradition sur ce territoire de l’Audomarois, il existe, non loin de l’arbre du chêne du Dieu Pitié un autre témoin de cette dévotion : la chapelle du long chêne connue aussi sous le vocable de Jésus flagellé. Tous les deux, cachés au milieu des bois, ne sont distants que de quelques kilomètres. Leur trait commun ? Ils partagent la grande tradition des loques : linges, objets ou fleurs attachés aux grilles ou au tronc de l’arbre.
Une dévotion qui lie l’arbre et l’eau
La tradition la plus connue, pour qui cherchait la guérison, était de nouer une tige de noisetier ou d’arbuste autour de l’arbre, adresser une prière puis se diriger vers l’étang d’Harchelles pour en boire un peu d’eau. L’usage du noisetier, l’arbre des sourciers, la sacralité et la puissance du chêne, l’eau miraculeuse donnent corps à des croyances populaires très répandues. C’est en revanche un des rares exemples de baguettes nouées autour de l’arbre.
Plus personne ne va boire l’eau de l’étang, un usage déconseillé d’ailleurs, ni accrocher des branches de noisetiers autour du tronc. En revanche, vous y verrez nombre de colifichets, de petits objets glissés dans l’écorce, et même des pièces de monnaie dont la plus ancienne est une pièce de 2 F de 1944. La présence d’anciens clous pourrait laisser penser également que le chêne fut autrefois un arbre à clous comme il en existe encore quelques rares exemples en Belgique. Quant à l’histoire du chêne lui-même, s’est-il substitué à un oratoire disparu ? Le Christ en croix a-t-il remplacé un calvaire ou une chapelle d’arbre ? Peut-être est-ce tout à la fois, tant le culte perdure souvent à un endroit au-delà de premier objet vénéré.
Le chêne du Dieu Pitié de Clairmarais en pratique
- Accès libre
- Localisation du chêne est en bordure de la route forestière du Fort Rouge, quasiment au croisement avec la route forestière royale.
- Plusieurs tables de pique-nique sont à disposition à proximité
- Aire de stationnement de l’étang d’Harchelles à proximité.
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L’étang d’Harchelles
L’étang est un joli site de pêche, no kill, et de pique-nique apprécié des familles. Un sentier vous permet d’en faire le tour et de profiter des bancs à l’ombre des arbres.
Les ruines de l’abbaye cistercienne
A partir de l’église de Clairmarais, prenez la route d’Arques (D210) et longez la magnifique ferme de l’Abbaye. Ces bâtiments pour la plupart du XVIIe accueillent notamment une brasserie. Juste après les dernières maisons, admirez ensuite les ruines de l’église abbatiale dressées au milieu d’un champ. Ce sont les derniers témoins de la magnifique abbaye cistercienne fondée au XIIe siècle.
La Grange Nature
La grange Nature est un lieu d’informations pédagogiques pour petits et grands à découvrir absolument avec des animations et des expositions organisées régulièrement. A souligner également la boutique, le grand parking gratuit, les tables de pique-nique et les toilettes mises à disposition du public. C’est le lieu de départ idéal pour découvrir la réserve naturelle. Point de restauration à proximité.
- Rue du Romelaëre, 62500 Clairmarais
- Horaires et ouverture saisonnière | Tel : 03.21.38.52.95
- Plus d’infos sur le site Eden 62
La réserve naturelle du Romelaëre
Cet espace naturel constitue non seulement un magnifique lieu de promenade, mais aussi un espace de biodiversité extraordinaire. Cette ancienne tourbière, exploitée jusqu’au XIXe siècle, est aujourd’hui un endroit paisible qui sert de gîte ou d’étape à plus de 200 espèces d’oiseaux, près d’une vingtaine d’espèces de poissons et plus d’une cinquantaine d’espèces de papillons. Soulignons que la réserve naturelle de Romelaëre fait partie des sites RAMSAR. Trois sentiers sont accessibles au public :
- Sentier du Cormoran (4 km aller-retour)
- Sentier de Nieurlet (1,2 km)
- Le sentier du Blongios ‘2,8 km) est ouvert du 15 mars au 15 décembre. Il est accessible aux personnes à mobilité réduite,
La Grange Nature est un excellent point de départ (700 m env. à pied) pour rejoindre le site. Accès bien balisé. Attention, nos toutous ne sont pas admis sans la réserve, même tenus en laisse.
Enfin, vous n’êtes qu’à deux pas de la magnifique ville de Saint-Omer, des dédales maraîchers et des promenades en bateau du marais audomarois. Cette terre d’eau regorge d’histoires et de légendes, de croyances et de sortilèges comme la redoutable Marie Groêt qui fera frémir les promeneurs les plus téméraires.
LA LÉGENDE DE MARIE GROËT | PRENEZ GARDE AUX EAUX SOMBRES DE L’AUDOMAROIS
2 Commentaires
Raphaëlle
Très intéressant votre article. Je ne connaissais pas l histoire du chéne du Dieu Pitié
Isabelle Duvivier
Merci Raphaëlle pour votre message.