Les eaux parfois très sombres de Clairmarais renferment nombre de créatures qu’il vaut mieux, pour certaines, ne jamais croiser. Le promeneur prudent évitera de marcher trop près des canaux, de se pencher innocemment au-dessus de la barque, de rire de ceux qui vous content l’histoire de Marie Groët. Il se pourrait bien, en effet, que cette créature emblématique du marais audomarois, ne surgisse sans crier gare des profondeurs de l’eau où elle se tapit patiemment.

Toutes les histoires commencent par « il était une fois », même celles qui ne finiront pas par un beau mariage et des enfants. Car, voyez-vous, la princesse dont il est question, ici, était certes très belle, mais elle était, paraît-il, affublée d’un caractère peu aimable. Pour tout dire épouvantable même. D’ailleurs, sa seule passion était pour les iris jaunes qui fleurissent au bord de l’eau. Nul prétendant ne pouvait rivaliser.

Marie Groët ou la princesse aux iris jaunes

scène de promenade de Marie Groët le long des canaux audomarois

Elle parcourait ainsi les sentiers des canaux en compagnie de sa jeune servante, Marie. Habituée aux caprices de la jeune princesse, elle avait fini par ne plus être aussi attentive aux injonctions qui tombaient comme à Gravelotte. Or ce jour-là, la jeune princesse était encore plus impatiente qu’à l’ordinaire. Voulant cueillir un bel iris trop loin du bord, elle arrache des mains de sa servante, le groët, une sorte de fourche à 3 ou 4 branches. Déséquilibrée, la voilà qui tombe à l’eau et s’enfonce lentement dans l’eau. Marie, voyant sa maîtresse se débattre ainsi, éclate de rire et ne fait rien pour aider la jeune princesse qui lui hurle d’attraper le groët pour l’aider à s’extraire de la boue.

scène représentant la chute de la princesse et Marie Groët

Malheureusement, quand Marie comprend la gravité de la situation, il est trop tard. Il ne reste plus qu’un remous qui s’estompe peu à peu. Le corps de la princesse ne fut jamais retrouvé, certains vous diront, que certains soirs, en tendant l’oreille, on peut entendre le cri d’une jeune femme répétant sans cesse « Marie, le groët ! Marie, le groët ! ». Mais soyez-en certain, aucun enfant ne s’approchera trop près de l’eau… De peur que la princesse devenue sorcière ne l’attrape à son tour !