Place Louise de Bettignies dans le Vieux-Lille… Un lieu et un nom familier mais derrière la plaque de rue … Qui était-elle ? Quel est son visage ? Sa vie ? Voici quelques informations réunies sur cette jeune femme au destin exceptionnel …
La vie de Louise Marie Henriette Jeanne de Bettignies est un roman, le roman d’une espionne française, recrutée par l’armée britannique, qui va opérer sous le nom d’Alice Dubois, … Cette jeune femme née le 15 juillet 1880, à Saint-Amand-les-Eaux, est issue d’une vieille famille nordiste. Bien que manquant d’argent, elle fait des études supérieures en Angleterre, voyage, sera préceptrice dans plusieurs familles aristocratiques en Italie, en Pologne, en Autriche… Et parle couramment plusieurs langues. Elle revient à Lille en 1914, peu avant le début de la première guerre mondiale. Elle réside avec sa sœur au 166, rue d’Isly. En octobre 1914, comme de nombreuses femmes, elle est au côté des défenseurs de la ville pour aider au ravitaillement en nourriture et munitions. C’est le début d’un engagement qui va la mener à animer un réseau de renseignements pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service.
Sous le nom d’Alice Dubois, et sous couvert d’un emploi dans une firme belge, elle va organiser la collecte et le passage d’informations aux forces britanniques. Le réseau Alice comprendra près d’ une centaine de personnes – dont le jeune Léon Trulin – l’autre grande figure de la résistance Lilloise. Les membres sont chargés de surveiller les trains, les mouvements de troupes, la position des batteries, des dépôts de munitions, chargés aussi de faire passer les soldats alliés vers les Pays-Bas.
Ironie de l’histoire, elle transmets l’information d’une attaque de grande ouverture des troupes allemandes sur Verdun prévue en 1916. Les forces françaises averties ne prennent pas l’information au sérieux… On connaît la suite.
Suite, probablement, à une trahison, Louise de Bettignies est arrêtée par les Allemands le 20 octobre 1915 près de Tournai en Belgique. Condamnée à mort, sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Transférée à Cologne en Allemagne, elle meurt le 27 septembre 1918 des suites d’une pleurésie. Depuis son cachot, elle continuait la lutte, exhortant les autres détenues à refuser de travailler pour les Allemands. Il faudra attendre 1920 pour que son corps soit rapatrié et inhumé à Saint-Amand-Les-Eaux.
Mais au-delà de son dévouement, l’histoire de Louise de Bettignies est aussi une histoire de femmes, de femmes résistantes, qui ont œuvré dans l’ombre et sans toujours avoir la reconnaissance qu’elles méritaient.
À Lille, la statue en l’honneur de Louise de Bettignies se trouve sur l’îlot de verdure entre le boulevard Carnot et la rue des Urbanistes. L’œuvre est signée du sculpteur Maxime Réal Del Sarte. Elle a été inaugurée le 13 novembre 1927, par le maréchal Foch et le général Weygand, sans doute en compagnie de leurs épouses, car ce sont elles qui furent à l’initiative de la souscription lancée pour la réalisation du monument.
L’inscription sur une des faces rend hommage à une autre résistante anglaise, l’infirmière Edith Cavell, qui fut elle aussi accusée d’espionnage et fusillée.