En suivant la route qui mène de Pernes à Aumerval, dans l’Artois, arrêtez-vous un instant sur le bas-côté… Surtout, si vous êtes fatigué ! Un panneau vous indique l’emplacement de la pierre Saint-Martin qui se trouve juste à côté, entourée d’herbes. Vous remarquerez immédiatement sa forme allongée faisant penser à une tête de cheval. Sur une face, il y a comme l’empreinte profonde d’un sabot, sur une autre celle d’ une empreinte humaine. Usure du temps, facétie ou traces surnaturelles ? Nous avons rendez-vous avec une de ces pierres insolites de notre région qui nous font parcourir bien des légendes…
La légende du Pas Saint-Martin
On raconte que cette empreinte dans la pierre fut laissée par le sabot du cheval de Saint-Martin. Le futur évêque de Tours. Pourchassé par des Romains, il essayait d’échapper à ses poursuivants. Son cheval prit alors son élan et s’élança d’un bond en direction de Bellimont, distant de quelques kilomètres. Un saut si prodigieux qu’il laissa cette marque dans le grés… Mais, dans son élan, il fit tomber le clocher de l’église de Pernes distante de 3 km. Clocher qui ne fut jamais reconstruit. Depuis lors, voyageurs et marcheurs ont coutume de mettre un pied dans la cavité pour voir s’envoler toute trace de fatigue…
Les légendes et les miracles de Saint-Martin
Il faut dire que Saint-Martin et son cheval – ou son âne – sont de grands pourvoyeurs de lieux légendaires… Y compris dans notre région. Il n’y a pas jusqu’aux fesses de la brave monture qui n’ait laissé d’insignes souvenirs à la surface des grès. On recense ainsi plus d’une vingtaine d’exemples de pied de la mule, de l’âne ou du cheval de Saint-Martin. Elles ont souvent pour point commun la présence de cupules, de stries ou de cuvettes. On ne compte plus également les fontaines miraculeuses qui portent son vocable. Exemple, la fontaine de la grotte Saint-Martin au hameau de Morcamp … Où il est encore question de marche mais pour les tout-petits cette fois.
Paradoxe, le saint Évêque combattit impétueusement toute sa vie ces “croyances païennes” qui vénéraient les eaux des sources, les arbres, les pierres dressées… Peine perdue, son nom et sa légende habillent désormais nombre d’entre elles. La christianisation des anciens lieux de culte a parfaitement fonctionné… Superposant croyances, légendes et folklore. Ce saint très populaire en France est d’ailleurs encore traditionnellement fêté en Flandre autour du 10 novembre. Des réjouissances qui donnent lieu à des cortèges comme celui de Dunkerque notamment.
Que sait-on vraiment de ces pierres ?
Les pierres à cupules, ces trous creusés en surface qui retiennent l’eau ont toujours été l’objet de croyances. On n’hésitait pas d’ailleurs autrefois à en creuser de nouvelles ou élargir les existantes. Boire l’eau recueillie, s’y asseoir, y déposer une offrande, une pièce de monnaie, une épingle, un objet personnel… Faisait partie des rituels les plus courants. Et l’est encore.
Cette usure de la pierre est-elle liée à un passage fréquent, servait-elle de point d’appui pour enjamber un fossé ? C’est tout à fait possible. On retrouve en effet un grand nombre de ces “pas” servant de marches naturelles creusées par les voyageurs, les paysans et les marins au fil des siècles. Creusées peu à peu par les passages, elles ont souvent été aussi l’objet d’une retaille pour les rendre plus profondes et plus stables… Sans oublier la facétie de certains villageois. C’est ainsi que la nature fut quelquefois aidée pour dessiner ces pas, mains, empreintes de pieds ou d’équidés et même augustes fessiers… Des diables, fées, saints et saintes, animaux qui leur font cortège hantant encore les bosquets et les sous-bois pour notre plus grand bonheur.
Enfin, la balade ne s’arrête pas là … Dirigez-vous vers Bours, un petit village, à 8 km d’Aumerval. Il y est question en effet d’un très beau donjon médiéval qui a réouvert ses portes au public en juin 2019 et de deux fontaines insolites… L’une miraculeuse et l’autre maléfique …
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